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Agence Ecofin
24 juillet 2022 Dernière mise à jour le Dimanche 24 Juillet 2022 à 07:00

D’ici 2028, 35% du total du service de la dette qui sera payé par les pays africains ira dans les caisses des créanciers privés occidentaux, tandis que la Chine n’en empochera que 19%.

Les créanciers privés occidentaux détiennent trois fois plus de dettes des pays africains que la Chine, selon une étude rendue publique, ce lundi 11 juillet par l’ONG britannique Debt Justice.

Intitulée « La crise croissante de la dette dans les pays à faible revenu et les réductions des dépenses publiques » (The growing debt crisis in lower income countries and cuts in public spending), l’étude précise que 12 % des 696 milliards de dollars de dettes extérieures du continent sont dus à des créanciers chinois publics et privés contre 35 % dus à des prêteurs privés occidentaux, 39% à des institutions multilatérales (Banque mondiale, FMI, BAD etc.) et 13% à d’autres créanciers publics.

L’étude, dont les calculs sont basés sur des données de la Banque mondiale, précise que les créanciers privés occidentaux sont des banques, des gestionnaires d’actifs et des négociants de matières premières.

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A fin 2020, ces créanciers privés occidentaux détenaient 247 milliards de dollars de dettes des pays africains contre 83 milliards de dollars pour la Chine, 274 milliards de dollars pour les institutions multilatérales et 93 milliards de dollars pour les autres créanciers publics.

Debt Justice qui se présente comme une ONG militant pour la fin de la dette injuste et odieuse dans les pays en développement précise d’autre part, que sur les sept prochaines années (2022-2028), 35% du total du service de la dette qui sera payé par les pays africains ira dans les caisses des créanciers privés occidentaux contre 19% pour la Chine, 35% pour les institutions multilatérales et 11% pour d’autres créanciers publics.

D’ici 2028, douze pays parmi les 22 pays africains les plus endettés verseront aux créanciers privés occidentaux plus de 30 % du total des remboursements de leurs dettes extérieures : Le Cap-Vert, le Tchad, L’Egypte, le Gabon, le Ghana, le Malawi, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal, le Soudan du Sud, la Tunisie et la Zambie.

En revanche, six de ces 22 pays très endettés devront verser à la Chine plus de 30% du total des remboursements de leurs dettes extérieures : l’Angola, le Cameroun, la République du Congo, Djibouti, l’Ethiopie et la Zambie.

Des taux d’intérêt largement supérieurs à ceux des prêteurs chinois 

L’étude révèle par ailleurs, que les taux d’intérêt moyens des prêts accordés par les créanciers privés aux Etats africains s’élèvent à 5 % contre 2,7 % pour les prêts consentis au continent par des prêteurs publics et privés chinois,1,3% pour les institutions multilatérales et 1,4% pour les autres créanciers publics.

Sur un autre plan, Debt Justice rappelle que la Chine a participé aux initiatives relatives à la suspension de la dette des pays à faible revenu lancées par le G20 au plus fort de la covid-19, contrairement aux créanciers privés occidentaux.

« Les dirigeants occidentaux accusent la Chine d’être responsable des crises de la dette en Afrique, mais il s’agit d’une distraction. La vérité est que leurs propres banques, gestionnaires d’actifs et maisons de négoce sont bien plus responsables », a déclaré Tim Jones, responsable des politiques de Debt Justice, cité dans l’étude. Et d’ajouter : « la Chine a pris part au programme de suspension de la dette du G20 pendant la pandémie, mais cela n’a pas été le cas pour les créanciers privés. Or, il ne peut y avoir de solution efficace au problème de la dette sans l’implication de ceux-ci ».

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