Qui dit vanille, dit Madagascar, principal pays producteur de cette plante aromatique dans le monde, par ailleurs source unique de revenus pour de nombreuses familles et créneau incontournable pourvoyeur de devise pour l'économie Malgache. Cette année, la campagne a démarré le 7 juillet.
Qui dit vanille, dit Madagascar, principal pays producteur de cette plante aromatique dans le monde, par ailleurs source unique de revenus pour nombreuses familles et créneau incontournable pourvoyeur de devise pour l’économie Malgache. Cette année, la campagne a démarré le 7 juillet.
L’Agence Anadolu s’est rendue dans l’une des exploitations située au nord du pays pour recueillir de plus près le vécu des opérateurs et les enjeux de la filière. Reportage.
Il est 11 heures du matin (8 heures GMT), ce mercredi 13 juillet, au marché de Manatongotra, dans la commune d’Ampanefena à Sambava, région SAVA, (dans le Nord de Madagascar).
Lydia Rasoanalaina s’active avec d’autres paysans cultivateurs de vanille.
Cette mère de famille, présidente de l’association ZOTO qui rassemble 150 planteurs de vanille ne cache pas son enthousiasme.
A elle seule, elle dispose d’environ 200 kilos de vanille verte à écouler.
Son association compte en tout 3 tonnes de vanilles préparées et plus d’une tonne de vanille verte.
Elle vit essentiellement de la plantation de vanille, mais en parallèle, elle effectue aussi de la culture de riz afin de varier ses investissements.
« Nous sommes confiants car le prix minimum de 75 000 Ariary (environ 18 dollars) le kilo fixé par l’Etat nous convient très bien. Nous espérons d’ailleurs écouler nos quantités de vanille à un prix supérieur à ce prix plancher », confie – t – elle.
Avec son association, ils ont choisi de débuter la vente de leur vanille récoltée un peu moins d’une semaine après le début de la campagne.
« Nous avons opté pour cette date car c’est à ce moment que nos clients collecteurs vont venir », explique – t – elle. Leur principal client est la société Sahanala.
Lydia et consœurs n’ont pas été déçus car à la fin de la journée, ils ont réussi à écouler 600 kilos de vanille verte et entendent poursuivre leur vente le lendemain.
Désormais, les mésaventures de la campagne précédente ne sera plus qu’un lointain souvenir.
En effet, les planteurs vendaient à perte. Faute d’une organisation claire, certains collecteurs achetaient la vanille à un prix dérisoire au grand détriment des planteurs.
« L’année dernière, nous n’avions pu vendre notre vanille qu’au prix de 40 000 Ariary (environ 10 dollars) le kilo », déplore Lydia.
Mais l’enthousiasme de cette mère de famille ne semble pas partagé par certains planteurs de la région.
Au lendemain même du début de la campagne, les médias locaux ont rapporté des cas de manifestation de paysans planteurs notamment à Manakana Lokoho.
Les manifestants ont barré la route en amenant des sacs de vanille invendus et arborant des pancartes sur lesquelles étaient écrites «notre vanille ne trouve pas d’acheteurs ».
Il a fallu l’intervention des autorités locales pour résoudre la situation.
Début de campagne mitigée
Depuis le 7 juillet dernier, date d’ouverture officielle de la campagne de récolte de la vanille, les paysans planteurs sont en effervescence.
Le mot d’ordre pour cette année est de remettre la filière d’aplomb mais la réalité révèle certaines discordances.
Dans une interview exclusive accordée à l’Agence Anadolu, Georges Geeraerts, Président du Groupement des Exportateurs de Vanille de Madagascar et non moins Vice – Président du Conseil National de la Vanille (CNV) livre ses impressions par rapport aux premiers jours de campagne.
« On remarque un peu de flottement sur les premiers marchés de vanille verte, particulièrement dans le district de Sambava.
Cette situation n’est pas inhabituelle mais elle est montée en épingle par certains qui auraient intérêt à ruiner les efforts entrepris par le CNV pour assainir la filière », constate – t – il.
En effet, outre les manifestations de planteurs, quelques politiciens sont montés au créneau à l’instar des députés Roland Ratsiraka et Siteny Andrianasoloniaiko qui ont tour à tour interpellé sur des informations véhiculées par certains médias français, selon lesquelles les glaces à la vanille d’une grande marque dont les extraits viennent d’un fournisseur malgache ont été rappelées du marché à cause d’une éventuelle présence d’une substance considérée comme agent cancérigène.
Des manœuvres que les responsables qualifient d’« entraves » à l’expansion de la filière.
Interrogé sur ces informations, Georges Geeraerts souligne que « le produit cancérigène incriminé est interdit sur le territoire malgache. Une enquête déterminera à quel moment la contamination a pu avoir lieu ».
Concernant le suivi des normes de production de la vanille, le vice – président du CNV ne manque pas de souligner qu’ « avec les moyens financiers que constituent le prélèvement à l’exportation, le CNV organisera des commissions qui travailleront sur tous les sujets depuis le planteur jusqu’au consommateur final ».
D’après les statistiques émanant toujours du CNV, la Grande île a pu exporter près de 3200 tonnes de vanille lors de la dernière campagne.
Le Conseil National de la Vanille (CNV) a pour missions, entre autres, d’effectuer le suivi sur le terrain relatif à l’application des bonnes pratiques et des normes conventionnelles dans la production, la collecte, la préparation, la transformation et le conditionnement de la vanille.
Sous haute surveillance
Depuis le début de la campagne de récolte de vanille verte le 7 Juillet, le ministère de l’Industrialisation, du commerce et de la consommation a procédé à la mise en place de marchés contrôlés afin de surveiller l’application du prix plancher fixé à 75 000 Ariary.
Lors de l’ouverture officielle de la campagne, le ministre de l’Industrialisation, du commerce et de la consommation, Edgard Razafindravahy a fortement incité les producteurs à rehausser la valeur de la vanille malgache.
Il a également martelé que la filière vanille est entièrement libéralisée et ne fait l’objet d’aucun monopole.
« Tous les opérateurs qui œuvrent dans la légalité peuvent acheter la vanille. Cependant, ils doivent agir dans le strict respect de la loi. Il en est de même pour les exportateurs. La première disposition à respecter est le prix minimum d’achat de la vanille auprès des planteurs », a – t – il déclaré.
Des agents de la Police Nationale et de la Gendarmerie ont été mobilisés dans tous les districts qui accueillent la campagne.
Trois jours avant l’ouverture de la campagne à Madagascar, une délégation malgache à fait le déplacement à l’ambassade de Madagascar à Paris, en France, dans le cadre d’une rencontre internationale sur la vanille.
Une occasion pour les représentants du Gouvernement malgache de faire un plaidoyer auprès des opérateurs internationaux qui sont les principaux acheteurs de la vanille malgache.
La décision du Gouvernement Malgache de fixer le prix minimum de la vanille préparée à 250 dollars le kilo sur le marché international a été au cœur des discussions.
Madagascar demeure le premier pays producteur et exportateur de vanille à l’échelle mondiale.
80% de la vanille de Madagascar provient de la région SAVA. D’après une note publiée par la Banque Centrale de Madagascar en février 2022, une hausse de 47,2% de la quantité de vanille exportée pour atteindre 2463,8 tonnes a été observée.
Avec une recette de plus de 602 millions de dollars sur les exportations en 2021 contre près de 509 millions de dollars en 2020, la filière vanille est l’un des secteurs pourvoyeurs de devises pour le pays selon toujours la Banque centrale.
Source Agence Anadolu
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