Si l'ensemble des pays d’Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud triplaient leur consommation d'électricité en utilisant exclusivement du gaz naturel, cela n'ajouterait que 0,6 % aux émissions de carbone à l'échelle mondiale, une économie que les pays industrialisés pourraient facilement réaliser.
La transition énergétique en Afrique doit reposer à la fois sur le gaz naturel, combustible fossile le moyen polluant, et les énergies renouvelables afin de faciliter l’accès généralisé des populations à l’électricité et d’atteindre les objectifs de développement du continent, a plaidé la Fondation Mo Ibrahim dans un rapport publié en septembre 2022.
Intitulé « Remédier au déficit énergétique de l’Afrique : Changement climatique, énergies renouvelables et gaz », ce rapport rappelle que 600 millions d’Africains n’ont pas accès à l’électricité et 930 millions ne disposent pas de combustibles de cuisson propres, tout en indiquant que la hausse de la demande énergétique est inéluctable sur le continent dont la population devrait presque doubler d’ici 2050 et tripler d’ici 2100.
Les auteurs du rapport soulignent que les énergies renouvelables représentent un choix stratégique pour combler le déficit énergétique en Afrique. Durant la décennie 2010-2019, les Etats africains ont d’ailleurs investi 47 milliards de dollars dans les énergies propres, soit trois fois plus que le montant engagé au cours de la décennie précédente (2000-2009), en l’occurrence 13,4 milliards de dollars.
Mais le potentiel du continent demeure largement inexploité surtout que cinq des dix pays ayant le plus grand potentiel solaire à l’échelle mondiale se trouvent en Afrique : la Namibie (1errang mondial), l’Egypte (4e), le Lesotho (8e), la Libye (9e) et le Botswana (10e). Sur un autre plan, la mobilisation complète du potentiel éolien au Tchad, en Mauritanie, au Niger et au Mali permettrait de multiplier par plus de 30 la capacité électrique de ces quatre pays.
L’exploitation de ce potentiel d’énergies renouvelables nécessitera bien évidemment le décaissement des financements climatiques promis par les pays riches à l’Afrique, ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui.
Une augmentation marginale des émissions
Mais même si les pays développés tiennent leurs promesses conformément au principe du pollueur-payeur, les énergies renouvelables ne peuvent pas fournir, à elles seules, l’énergie fiable nécessaire pour assurer le développement économique et la généralisation de l’accès à l’électricité en Afrique.
Alors que le continent est appelé à s’industrialiser, des combustibles fossiles sont encore nécessaires pour les industries très énergivores comme les aciéries et la cimenterie. En outre, les énergies renouvelables sont fluctuantes et ne peuvent pas être toujours mobilisées en fonction de la demande. Par temps nuageux, les panneaux solaires ne fonctionnent pas à pleine capacité. Par temps calme, les parcs éoliens ne fournissent qu’une petite partie de leur capacité.
Ainsi, l’Afrique ne peut pas se permettre de tourner entièrement le dos aux combustibles fossiles au stade actuel. D’autant plus que le gaz naturel n’est pas synonyme de catastrophe climatique en Afrique. Bien qu’il abrite 17% de la population mondiale, le continent ne consomme que 5,9% des énergies produites dans le monde. D’après l’Agence internationale de l’énergie (IEA), la consommation électrique moyenne par habitant en Afrique n’est que d’environ 600 kilowattheures (kWh) par an, contre une moyenne mondiale de 3200 kWh, 6100 kWh pour l’Union européenne et 4600 kWh pour la Chine.
D’autre part, les pays africains produisent déjà 40,5 % de leur électricité à partir de sources renouvelables, soit un niveau supérieur à la moyenne mondiale (34,1 %) et aux taux de l’Union européenne (39,1 %), du Japon (18,6 %) et des Etats-Unis (17,9 %).
Le rapport révèle également que l’augmentation de la part du gaz dans le mix énergétique de l’Afrique n’augmentera que marginalement sa part des émissions mondiales de carbone. Si l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne hors Afrique du Sud triplaient leur consommation d’électricité en utilisant exclusivement du gaz naturel, cela n’ajouterait en effet que 0,6 % aux émissions de carbone à l’échelle mondiale.
Le gaz naturel peut par ailleurs faciliter l’élimination progressive des combustibles fossiles plus polluants. L’augmentation de son utilisation dans la production d’électricité permettra aux pays africains d’éliminer progressivement les combustibles les plus polluants tels que le charbon, le diesel, le fioul lourd et la biomasse traditionnelle.
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