En marge du Sommet Afrique-France, qui s’est tenu dans la ville de Montpellier (France), en octobre 2021, plusieurs porteurs de projet du continent sont venus à la rencontre d’homologues européens. À cette occasion, la Métropole de Montpellier a accueilli, du 2 au 13 octobre 2023, le campus des jeunes entrepreneurs africains. 11 jours d’accompagnement et d’opportunités pour les chefs d’entreprises innovants du continent. Reportage.
Ils ont créé leur propre société dans les domaines de l’alimentation, du numérique, de l’agritech et de l’agriculture durable, de la méthanisation, ou encore des industries culturelles et créatives. Assane, Arielle, Babacar, Lucie, Ulrich, Adja et Latifa sont venus à Montpellier (dans le sud de la France) pour partager leur vécu de chef d’entreprise avec d’autres entrepreneurs.
Un séjour de 11 jours qui a permis à Papa Assane NDAO, PDG fondateur de Methanizer (Sénégal), « de grandir en expérience ». Une occasion de rencontrer « de potentiels partenaires et agences de livraison » pour Arielle Dolile GNIMASSOU, Directrice d’exploitation d’Alôzô (Bénin), mais aussi des « chercheurs qui évoluent dans la même thématique » que Babacar CISSÉ, Président fondateur de Feed Africa (Sénégal).
Pour ce qui concerne Lucie Marie Codou THIAO, Directrice générale co-fondatrice de Luxorus (Sénégal), l’objectif était de nouer des partenariats dans la R&D (recherche et développement), notamment financiers. Même chose pour Latifa DIEDHIOU, Co-fondatrice de Nutrivie (Sénégal), également en recherche de « partenaires commerciaux ».
Quant à Ulrich DJIDO, Co-fondateur de Biolife Tech (Bénin) ces rencontres ont été l’occasion d’« améliorer [ses] nouvelles fonctionnalités liées aux paramètres climatiques », quand Adja Maty SEMBENE, Fondatrice de Contanna (Sénégal), a, elle, cherché à « développer une nouvelle connexion avec l’Europe à partir de la France ».
De jeunes pousses prometteuses
Basée à Sindia, au Sénégal, Nutrivie est une entreprise qui fabrique et commercialise, depuis 2018, la viande végétale en morceaux, sous différentes saveurs à base de pomme de cajou, sans matière grasse ni colorant. « Nous sommes le premier label engagé pour les causes environnementales au Sénégal », se félicite la co-fondatrice Latifa DIEDHIOU.
Autre première, la toute première maison de thé sénégalaise créée en 2019 dans la ville de Diokoul. Contanna propose des mélanges de thé haut de gamme, réalisés avec des plantes naturelles et des ingrédients de qualité supérieure, riches en vertus inspirées des recettes de grand-mère.
Preuve que le Sénégal regorge de riches ressources agricoles, Luxorus produit, elle, du poisson et des légumes (laitue, piment, concombre et tomates fraiches) sans variation de prix et à l’aide d’une méthode appelée « aquaponie ». Elle permet de combiner la pisciculture et le maraîchage hors sol en recyclant l’eau, sans pesticides ni produits chimiques.
Quatrième entreprise sénégalaise engagée dans l’agriculture, Feed Africa « oeuvre plus particulièrement dans l’agro-foresterie », détaille son président Babacar Cissé. L’objectif étant la mise en place d’un système agro-écologique associant cultures de rente (arachide, pastèque, etc.) et autres espèces d’intérêt (moringa et baobab).
D’un bout à l’autre de l’Afrique de l’Ouest, BioLife Tech révolutionne l’industrie agroalimentaire en construisant un efficace réseau d’approvisionnement de la région. Cette startup béninoise « développe une plateforme pour mettre directement en relation les producteurs et les acheteurs », complète son co-fondateur Ulrich DJIDO.
À Ouidah, la galerie d’art Alôzô a vu le jour il y a de cela plus de trois ans. Elle propose des produits artisanaux faits mains issus du savoir-faire local et africain mais travaille également sur un projet de plateforme en ligne pour faciliter les transactions d’objet d’art au sein du commerce équitable.
Enfin, dans le domaine de la transition écologique, il y a Methanizer : « une entreprise spécialisée dans la revalorisation des matières organiques en biogaz et engrais », explique son PDG Papa Assane NDAO. Une entreprise qui œuvre pour le développement de la méthanisation au Sénégal en accompagnant les acteurs souhaitant se munir d’équipements de méthanisation.
À chaque entreprise ses défis
Son ambition ? « Être le leader de la méthanisation en Afrique, affirme le fondateur de Methanizer. Mais aussi d’intégrer davantage ces technologies-là dans les énergies de tous les jours. » L’objectif de la représentante d’Alôzô va, lui, au-delà des frontières de l’Afrique. « Nous voulons montrer au monde entier ce que nous faisons avec le développement d’un site de vente en ligne. » Créer du lien, c’est également le plan du président de Feed Africa qui souhaite « avoir un marché, ici, en Europe, principalement sur les plans commercial et recherche et développement. »
À court terme, la directrice générale de Luxorus aimerait « développer le système d’aquaponie de Thies, puis implémenter un système à M’bour et dans le reste du Sénégal ». « Devenir une grande chaîne de distribution », c’est ce à quoi aspire le co-fondateur de Biolife Tech pour être reconnu tant à l’échelle de la sous-région ouest-africaine qu’à l’échelle mondiale.
La co-fondatrice de Nutrivie verrait bien l’entreprise se « déployer en Europe pour pouvoir trouver des partenaires commerciaux qui pourront faire la promotion du produit et du label ». Une expansion européenne que souhaite aussi la fondatrice de Contanna pour sa société, « principalement à Montpellier » pour que « sur le long terme, ce thé soit présent sur toutes les tables de la même manière que tous les autres thés que vous aurez déjà connus. »
À propos du Campus des jeunes entrepreneurs africains
Depuis le Nouveau Sommet Afrique France en 2021, la Fondation Prospective & Innovation et Montpellier Méditerranée Métropole ont uni leurs forces pour mettre en place un programme d’accompagnement à destination d’entrepreneurs africains innovants évoluant dans les domaines de la technologie et de l’innovation, de la santé globale, des industries culturelles et créatives et du sport en Afrique.
Ce programme des jeunes entrepreneur.e.s vise à développer des outils et des opportunités permettant :
1/la rencontre entre les entrepreneurs africains et européens et l’établissement entre eux d’un lien mutuellement bénéfique et durable.
2/l’appui aux porteurs de projets les plus innovants et impactants à travers le transfert de connaissances et d’expériences, des opportunités de networking, et d’une mise en lumière de leurs actions et impacts.
3/l’accélération de changement d’échelle de ces entrepreneur.e.s qui construisent l’Afrique de demain.
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