La Côte d’Ivoire qui pratique l’un des tarifs d’électricité les plus faibles en Afrique de l’Ouest, multiplie les mesures pour combler le gap entre son prix de production et son prix de vente.
En Côte d’Ivoire, le ministère de l’Énergie a annoncé une augmentation de 10 % du coût de l’électricité, pour l’ensemble des consommateurs d’énergies, que ce soit les ménages ou les entreprises. La mesure touchera environ 4 millions d’abonnés.
Ce sera la deuxième fois en six mois que le prix de l’électricité connaitra une hausse dans le pays. La dernière augmentation remonte au 1er juillet dernier et concernait une hausse de 9,6 % pour le coût du kilowattheure des compteurs de 15 ampères et plus. Les autorités avaient alors expliqué que la décision aiderait à sauver un secteur dont l’équilibre financier devenait de plus en plus précaire.
D’après le ministre du Commerce, Souleymane Diarrassouba, la nouvelle augmentation vise à corriger le déficit constaté dans le secteur et qui menace la disponibilité de l’électricité. Lors d’une rencontre avec le secteur privé et les associations de protection des consommateurs, qui s’est tenue le 26 décembre, le responsable a expliqué qu’il existe un gap de 10 francs CFA entre le prix de production du kilowattheure (89 FCFA) et son prix de vente (79 FCFA). Ainsi, le prix du kilowattheure passera dès le début d’année 2024 à 87 FCFA.
Néanmoins, ce prix reste éloigné du niveau d’équilibre tarifaire qui devrait normalement impliquer une hausse de 27 % du prix de l’électricité. Les autorités laissent entendre que de futures mesures pourraient être prises pour se rapprocher de ce niveau. Notons que le prix de l’électricité en Côte d’Ivoire reste relativement moins élevé par rapport aux prix pratiqués dans les autres pays de la région où le prix moyen oscille entre 101 et 132 FCFA le kilowattheure.
Pour le secteur privé, cette nouvelle mesure implique de nouvelles charges qui devraient certainement se répercuter sur les prix des biens et services dans le pays. « Le secteur privé a indiqué prendre acte de la décision du gouvernement tandis que les organisations de consommateurs ont dit la comprendre bien qu’elle ait un impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs […]. Les deux parties ont appelé à un accompagnement du gouvernement afin d’atténuer les effets de cette décision », a rapporté une note officielle.
On pourrait se questionner sur la raison de cette hausse, alors que le pays découvre des réserves de gaz naturel et est exportateur d’électricité. À cela, le ministre Diarrassouba a apporté un élément de réponse indiquant que la hausse du prix de l’électricité n’est pas spécifique à la Côte d’Ivoire seule et que plusieurs facteurs justifient la situation. Il a notamment cité une augmentation de 22 % au Sénégal, 35 à 66 % au Ghana, 35 % au Cameroun ou encore 41 % en Afrique du Sud.
Étant donné qu’une partie du gaz du gisement de Baleine sera consacrée à la satisfaction de la demande domestique qui enregistre une hausse de 10 % par an, l’injection de ce gaz dans les circuits de production électrique pourrait avoir un impact à la baisse sur le prix de l’électricité à l’avenir. En attendant, les autorités pressent Eni de mettre le plus tôt possible en production le gisement pour faire face à la demande. La production du gaz sur Baleine était initialement prévue pour 2026.
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