L’élection du chef de l'Etat mauritanien à la tête de l’Union africaine a été précédée de désaccords entre les pays d’Afrique du Nord qui devaient désigner leur représentant. Désormais, le responsable devra faire face aux défis qui incombent à cette fonction.
Le chef de l’Etat de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould El Ghazouani, assurera pendant un an, la présidence tournante de l’Union africaine (UA), a annoncé le 18 février 2024 l’institution dans un communiqué.
Le président mauritanien prend fonction après de longues tractations pour déterminer le successeur du Comorien Azali Assoumani qui assumait jusque-là cette fonction. Selon les traditions de l’institution, la présidence tournante de l’UA devait revenir à un pays d’Afrique du Nord, mais les dissensions internes entre les Etats de cette région ont compliqué le processus. Finalement, la Mauritanie est apparue comme le candidat du compromis évitant ainsi un blocage de l’institution faîtière du continent.
Considéré comme assez discret sur la scène continentale depuis son arrivée au pouvoir, le président Ghazouani prend fonction alors que l’Afrique est à un tournant de son histoire politique.
Sur le plan international, sa prise de fonction intervient alors que le continent noir cherche à renforcer sa représentativité au sein des grandes instances mondiales. L’année dernière, l’institution a officiellement intégré le G-20, après plusieurs années de plaidoyers. Désormais, c’est au sein du Conseil de sécurité de l’ONU que l’UA espère obtenir un siège permanent, surtout dans un contexte où les foyers de conflits continuent d’être alimentés sur le continent, notamment en RDC et au Soudan, et dans un contexte où l’insécurité sévit dans le Sahel. L’institution milite aussi pour que l’Afrique obtienne des sièges supplémentaires au sein du conseil d’administration du FMI.
Au plan interne, l’UA doit faire face à une hausse des coups d’Etat et des tentatives de putschs depuis quelques années. D’ailleurs, lors de l’Assemblée générale de l’institution, le samedi 17 février, à Addis-Abeba, le dirigeant a affirmé que « l’escalade des changements anticonstitutionnels en Afrique constitue une violation sans précédent de la démocratie et une menace sérieuse pour la stabilité des institutions du continent », sans pour autant citer des pays.
Pour de nombreux observateurs, le dirigeant devra jouer un difficile jeu d’équilibriste sur ce dossier, notamment en raison de la politique de neutralité qu’il a toujours adopté face aux coups d’Etat qui ont frappé plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, dont son voisin malien, le Burkina Faso, la Guinée et le Niger.
Enfin, d’importants défis économiques attendent Mohamed Ould El Ghazouani. Il s’agit notamment de l’accélération de l’intégration africaine à travers le développement de la Zone de libre échange continentale (ZLECAf), la réduction du gap infrastructurel du continent, la mise en œuvre du marché unique du transport aérien africain, ou encore l’amélioration de la capacité de production de vaccins de l’Afrique.
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