Selon la Banque mondiale, en absence de réformes économiques majeures, la Guinée équatoriale devrait rester en récession avec un revenu par habitant diminuant de plus de moitié d'ici 2050.
Le produit intérieur brut (PIB) par habitant (en dollars constants US) de la Guinée équatoriale a chuté de plus de 60% en quinze années, passant de 14 223 dollars en 2008 à 5506 dollars en 2023.
C’est ce que révèle le rapport de la Banque mondiale (BM) publié le mardi 4 mars 2025, intitulé « Mémorandum économique sur la Guinée équatoriale – Jeter les bases d’une croissance renouvelée, plus diversifiée et plus inclusive ». Selon cette analyse, la croissance du PIB par habitant s’est inscrite en moyenne à -7,5 % entre 2015 et 2023, marquant la fin de l’essor économique lié aux hydrocarbures.
Jusqu’à présent, l’abondance des ressources naturelles avait permis à la Guinée équatoriale de rejoindre en 2004 le cercle restreint des pays africains à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Les hydrocarbures restent un pilier de l’économie nationale, représentant 42% du PIB, 95% des exportations et 90% des recettes publiques, selon la Banque africaine de développement (BAD). Cependant, la production pétrolière a chuté de plus de 300 000 barils par jour (b/j) en 2011 à environ 100 000 b/j en 2021, accentuant la vulnérabilité économique du pays.
Depuis 2015, il a enregistré six années de croissance négative, une tendance exacerbée par la pandémie de covid-19. Cette situation a freiné les avancées en matière de prospérité partagée et de réduction de la pauvreté pour une population estimée à 1,6 million d’habitants.
La Banque mondiale avertit que, sans réformes structurelles, le revenu par habitant continuera de décliner dans les décennies à venir.
« Dans le scénario de base, qui suppose une baisse progressive des réserves d’hydrocarbures et l’absence de chocs futurs ou de réformes économiques majeures, la Guinée équatoriale devrait rester en récession, le revenu par habitant diminuant de plus de moitié d’ici 2050 », a indiqué l’institution.
Une diversification économique nécessaire
Pour inverser cette tendance, l’institution de Bretton Woods recommande au gouvernement d’investir massivement dans le capital humain, d’améliorer le climat des affaires et de renforcer la gouvernance. Le pays se classe actuellement 145e sur 191 pays dans l’Indice de développement humain (IDH), le plus bas parmi les pays à revenu intermédiaire supérieur.
Les investissements directs étrangers (IDE) ont chuté, passant de 1,3 milliard de dollars en 2022 à 142 millions en 2023, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
« La Guinée équatoriale a le potentiel de transformer son économie et d’améliorer la vie de ses citoyens. Cependant, cela nécessite des mesures politiques audacieuses pour jeter les bases d’une croissance renouvelée, diversifiée et plus inclusive », a déclaré Aissatou Diallo, représentante résidente de la Banque mondiale pour la Guinée équatoriale.
Ces dernières années, le gouvernement a amorcé plusieurs réformes pour renforcer le capital humain et diversifier l’économie. Dans le domaine de l’éducation, des investissements ont été réalisés dans les infrastructures scolaires, la formation des enseignants et l’intégration des technologies en classe. En matière de santé, une plateforme numérique basée sur le système DHIS2 a été mise en place pour optimiser la gestion des données sanitaires et améliorer la prise de décisions.
Sur le plan économique, la mise en place d’un guichet unique d’entreprise (VUE) a réduit les délais et coûts d’ouverture des entreprises, facilitant ainsi les investissements étrangers. Par ailleurs, des mesures ont été prises pour lutter contre la corruption et aligner la gestion publique sur des normes internationales.
Selon les projections de la Banque mondiale dans un scénario de référence, le PIB par habitant pourrait chuter à 2379 dollars (en dollars constants de 2015) d’ici 2050, soit moins de la moitié de son niveau en 2024. Parallèlement, le revenu national brut par habitant devrait continuer à diminuer, entraînant un déclassement de la Guinée équatoriale, qui passerait d’un pays à revenu intermédiaire supérieur à un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure dès la fin de 2025.
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