Face à un marché du travail exigeant et à un taux de chômage des jeunes élevé, la Côte d’Ivoire renforce son dispositif de formation professionnelle pour préparer la jeunesse aux métiers en demande et soutenir la croissance économique.
Le 3 septembre à Abidjan, lors de la cérémonie de rentrée solennelle 2025–2026, le ministre de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage (METFPA), Koffi N’Guessan, a annoncé l’ouverture de dix nouveaux établissements. Ces structures comprennent sept lycées professionnels situés à Ebimpé, Yamoussoukro, Diabo, Dabakala, Kong, Korhogo et Gbéléban, réalisés en partenariat avec le groupe chinois AVIC. S’y ajoutent un Lycée professionnel des métiers des énergies renouvelables, un centre de formation aux métiers du bâtiment à Yopougon et un centre des métiers des travaux publics et des mines à Gagnoa.
Le dynamisme en cours pour moderniser la formation professionnelle
En Côte d’Ivoire, plus de deux millions de jeunes âgés de 16 à 35 ans ne sont actuellement ni en emploi ni en formation, selon le METFPA. L’ouverture de nouveaux centres constitue une réponse stratégique à ce défi démographique et une opportunité économique concrète.
« L’avenir de notre pays dépend de notre capacité à préparer aujourd’hui les compétences de demain. Ensemble, relevons le défi de zéro exclusion et engageons-nous pour une formation de qualité et pour l’excellence. Ensemble, donnons à la jeunesse ivoirienne les clés de son avenir », a déclaré Koffi N’Guessan.
Le Forum international des métiers et des compétences (FIMEC), organisé en février 2025, a souligné l’importance d’augmenter la part des jeunes orientés vers les filières techniques pour atteindre 15 % d’ici à 2030. Le programme Académie des talents (ACT) vise à tripler les effectifs dans ces filières, avec un taux d’insertion attendu de 70 %, tandis que l’École de la deuxième chance (E2C) permet aux jeunes exclus du système éducatif de retrouver une voie vers l’emploi.
Parallèlement, le Programme national de stage et d’apprentissage (PNSAR), lancé en janvier 2025, prévoit d’accompagner 142 000 jeunes grâce à des partenariats entre l’Agence Emploi Jeunes et les entreprises. Le Projet emploi jeunes et développement des compétences (PEJEDEC) a déjà permis à plus de 38 000 bénéficiaires d’intégrer des parcours de formation, avec un objectif de 102 000 jeunes pour sa troisième phase. Selon les informations disponibles, le Centre de développement des curricula, soutenu par l’Agence française de développement et la Banque mondiale, a contribué à porter le taux d’accès à l’emploi de 34 % à 80 % en moins d’un an.
Initiatives complémentaires et expériences régionales
D’autres initiatives complètent le dispositif. Le projet Forprode, en partenariat avec l’Union européenne, propose des formations gratuites en technologies numériques et en mécanique industrielle à Abidjan et Yamoussoukro. L’école Simplon Côte d’Ivoire a formé deux cents jeunes dans les métiers du digital, avec un taux d’insertion de 96 % en quatre ans, selon Larissa Banhoro, manager général du centre. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) soutient parallèlement des formations à l’innovation entrepreneuriale qui ont déjà touché plus de cinq cents jeunes.
Des exemples régionaux confirment le potentiel de ces initiatives. Au Sénégal, le Projet de formation professionnelle et d’insertion (PFPI), financé par la Fondation Mastercard, vise à offrir un emploi durable à 100 000 jeunes d’ici 2028, avec un enrôlement de 181 350 jeunes et le déploiement de 14 centres d’excellence en agriculture. Au Ghana, le projet WAVA (West Africa Vehicle Academy), porté par Bosch Aftermarket, Rana Motors et la GIZ, a permis de former des formateurs et de moderniser les programmes pédagogiques du Ghana Technical Training Centre (GTTC) et de l’Accra Technical Training Centre (ATTC).
Ces expériences démontrent que la combinaison d’un financement solide, de partenariats public-privé et d’une spécialisation sectorielle peut générer un impact réel sur l’économie locale. Pour maximiser les résultats, il est indispensable d’accompagner les jeunes vers l’emploi, de renforcer les passerelles entre formation et entreprises, et de promouvoir des méthodes pédagogiques innovantes adaptées aux réalités locales.
Réagissez à cet article