Une économie perturbée par la Covid-19 et la baisse de rentabilité sur les prêts accordés à l’Etat fédéral en raison de la hausse des prix, ont poussé les investisseurs nigérians à chercher un refuge. La bourse locale en a été un, ce qui a très positivement impacté son rendement annuel.
Le Nigerian All Share Index qui représente l’ensemble des sociétés cotées sur la Bourse de Lagos au Nigéria, a connu une progression de 47,3% au cours de l’année 2020, selon des données de la plateforme Capital IQ.
C’est la meilleure performance des indices boursiers dans le monde sur la période. Il devance des références comme le S&P 500 qui regroupe les 500 plus importantes sociétés des bourses américaines et qui n’a progressé « que » de 15,9% sur la même période.
Suivant les logiques purement financières les investissements ne font des placements que par rapport aux marges. De ce point de vue, chaque position acquise sur la bourse de Lagos a généré un rendement plus intéressant que si elle avait été prise sur les 500 plus grosses entreprises américaines.
Dans ces conditions, le Nigerian All Share Index aura aussi été meilleur que des indices comme le MSCI Frontier Market Africa, qui regroupe les 28 plus importantes sociétés cotées sur 13 marchés financiers africains, et qui a affiché un rendement de -2,1% sur la période.
L’indice nigérian a aussi été meilleur que le CAC 40 qui regroupe les 40 plus importantes sociétés cotées en France (8,1%), le MASI marocain (-6,8%) et le top 10 des entreprises cotées sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobiliers de l’UEMOA (- 10,8%).
La performance de la bourse nigériane est enfin près de deux fois meilleure, que celle de la même période en 2019 (+27,4%) Cette évolution peut surprendre, d’autant plus que la première économie d’Afrique en termes de Produit Intérieur Brut, a connu au cours de l’année, sa deuxième récession en cinq ans, plombée par une baisse marquée des prix du pétrole, son principal produit d’exportation, et par les effets négatifs de la pandémie de Coronavirus.
On a aussi noté un désinvestissement continue de personnes non résidente du Nigéria, sur ce marché boursier. Mais il y a une raison à cette performance.
Au cours de l’année, le confinement imposé par le gouvernement fédéral de ce pays, est venu s’ajouter à la fermeture des frontières avec les pays voisins. Dans ce contexte, les personnes et structures disposant d’une épargne n’ont eu d’autre choix que de placer leur argent sur les titres d’emprunts émis par l’Etat.
La forte demande pour ces produits a occasionné une baisse historique des rendements en termes d’intérêts. La bourse du Nigéria : un refuge pour les investisseurs contre l’inflation galopante.
En plus de cette baisse d’intérêt, l’inflation (hausse des prix) a atteint des niveaux qui n’avaient pas été vus depuis 3 ans (un peu plus de 14%), réduisant à néant, les petites marges générés sur les obligations d’Etat. Les investisseurs étrangers quittant le Nigéria, les actions des sociétés cotées se sont avérées plus accessibles et plus rentables, ce qui justifie la forte progression de l’indice.
L’évolution devrait dépendre de la progression du contexte mondial de la pandémie, mais aussi de l’orientation des prix du pétrole, deux facteurs importants pour la relance de l’économie du Nigéria.
Le gouvernement fédéral a aussi décidé de rouvrir ses frontières. Cela devrait tirer l’inflation notamment alimentaire vers le bas, et redonner de l’intérêts aux obligations d’Etat à court terme.
Il faut aussi dire que cette rentabilité de la bourse nigériane est relative. L’Agence Ecofin a pu noter, qu’en valeur absolue la plus-value boursière globale générée par le Top 20 des entreprises cotées en Afrique, dont 2 du Nigéria, était de seulement 28,8 milliards $, contre plus de 3900 milliards ù pour le même groupe d’entreprises sur les marchés financiers nord-américains, et près de 1017 milliards $ pour celle d’Asie.
Et la Chine mise de côté, le facteur de la spéculation boursière a primé sur celui des performances de l’économie réelle.
Source Agence Ecofin
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