La pandémie de covid-19 a entraîné un effondrement du secteur touristique sud-africain, et mondial en général. Dans le cadre de son programme de relance, Pretoria veut profiter de ce chamboulement pour relancer les bases de son économie, en mettant l’accent sur les entrepreneurs noirs.
En Afrique du Sud, le gouvernement vient de lancer un fonds de 1,2 milliard de rands (79,4 millions $) en faveur du secteur touristique. D’après les autorités, le nouveau mécanisme nommé « Tourism Equity Fund » vise à accélérer la transformation du tourisme sud-africain, afin d’améliorer sa plus-value pour l’économie.
Selon le président Cyril Ramaphosa, le Fonds se concentrera sur la facilitation de la participation des entrepreneurs noirs dans le tourisme, ainsi que celle des entreprises détenues par des femmes ou des personnes handicapées.
L’objectif à long terme est d’améliorer l’employabilité dans le secteur qui compte déjà 1,5 million de travailleurs directs et indirects, ainsi que sa participation au PIB du pays, actuellement estimée à 2,9% directement et 8,6% indirectement. Des chiffres que les autorités jugent très en dessous du potentiel réel du secteur.
En effet, « la nature à forte intensité de capital de l’industrie empêche de nombreuses entreprises touristiques appartenant à des Noirs de croître et de se développer », a indiqué le chef de l’Etat.
Autrement dit, le manque de financement de nombreuses entreprises détenues par des Noirs les empêche de facto de participer à l’activité touristique, et prive ainsi le secteur de nouveaux revenus et travailleurs potentiels.
Une situation qui cadre avec les inégalités économiques qui marquent le pays de Nelson Mandela, les familles blanches gagnant 5 fois plus de revenus que les Noirs qui comptent pourtant pour 80% de la population totale.
D’ailleurs, depuis des décennies, de nombreuses stratégies ont été adoptées pour inverser la tendance (sans succès), comme cela a été le cas de l’Employment Equity Act qui accorde une priorité aux populations noires dans l’accès aux emplois.
Souhaitant s’appuyer sur l’aide des banques commerciales, les autorités espèrent grâce à leur nouvelle stratégie accorder des subventions et des prêts pour permettre aux entreprises noires d’acquérir les capitaux propres nécessaires pour investir dans le tourisme.
« Nous nous engageons à faire en sorte que ce Fonds permette aux entreprises noires de tirer un profit substantiel de l’économie du tourisme, de ne pas être encombrées par des sociétés de façade, ni d’être des spectateurs marginaux et de petits fournisseurs des grandes entreprises touristiques », a déclaré le président Ramaphosa dans son discours de lancement du Fonds le 26 janvier 2021.
Et d’ajouter : « Que ce soit dans une ville côtière du Cap-Oriental ou dans une région riche en faune et en flore du Nord-Ouest ou du Limpopo, notre objectif est de soutenir activement, par l’intermédiaire de ce Fonds, les entreprises appartenant à des Noirs.
Notre objectif est également d’employer la population locale, de nous procurer des biens et services sur place et de contribuer réellement à notre économie ».
Notons néanmoins que cette initiative s’inscrit dans un contexte difficile pour le tourisme sud-africain comme mondial, qui a subi de plein fouet les conséquences de la pandémie de covid-19.
Selon les scénarios de l’Organisation mondiale du tourisme, l’effondrement du secteur pourrait entraîner jusqu’à 2000 milliards $ de pertes de revenus pour le PIB mondial. Un chamboulement que Pretoria considère de son côté comme une chance de « reconstruire différemment et mieux » ce secteur vital pour une économie nationale en crise.
Source Agence Ecofin
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