La nouvelle stratégie du genre pour la période 2021-2025, rendue publique le 3 février dernier, renforce les engagements de la Banque africaine de développement en faveur de l’autonomisation des femmes, notamment dans la situation de fragilité à laquelle le Sahel et le bassin du Lac Tchad font face.
Dans ces deux régions marquées par des crises multiformes, la Banque s’emploie à mettre en œuvre des initiatives qui visent à promouvoir l’égalité des genres et accélérer la résilience économique des femmes.
En effet, les inégalités de genre au Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad s’aggravent en raison des défis liés au changement climatique et à l’insécurité qui poussent les femmes et les communautés dans un cycle de vulnérabilité.
La Banque reconnait que l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes est un facteur clé pour la stabilité et le développement durable. Leur rôle essentiel s’est renforcé en raison de la crise sanitaire, avec un accroissement de la charge de travail non rémunéré et un accès réduit aux sources de revenus (en raison des restrictions).
Pour ces raisons, il est essentiel que les femmes continuent d’accéder davantage aux ressources économiques et productives, malgré le contexte de grande fragilité dans ces deux régions.
La Banque va ainsi financer pour près de 2,4 millions de dollars américains un projet de renforcement des capacités de la Commission du bassin du Lac Tchad (CBLT) et surtout d’autonomisation des femmes et des jeunes au Niger et au Tchad.
Le Projet multinational d’autonomisation économique des femmes et des jeunes vulnérables dans la région du Sahel est destiné, quant à lui, à renforcer l’action de la Banque en faveur des femmes maliennes, nigériennes et tchadiennes.
Financé à hauteur de 1,4 million de dollars par la Banque, ce projet contribuera à réduire les conséquences humanitaires issues de la précarité créées par les crises, conflits et autres chocs climatiques.
Corriger les disparités et transformer les dynamiques de genre Dans les zones de fragilité extrême comme au Sahel, dans le Bassin du Lac Tchad ou la Corne de l’Afrique, les interventions de la Banque africaine de développement visent surtout à assurer aux femmes plus de ressources financières, en les soutenant dans les activités agricoles, l’artisanat, l’élevage, la création de micro-entreprises et la prestation de petits services.
Dans ces régions et à travers le continent, la Banque met un accent sur l’accès accru des femmes aux services sociaux, notamment de santé, éducation, eau et assainissement, à travers les projets d’infrastructure sensibles au genre.
La Banque soutient aussi les femmes porteuses de projets dans les domaines de l’entrepreneuriat féminin et le développement de chaînes de valeur agricole tels que les projets d’appui au développement de l’anacarde au Burkina Faso et Mali.
De nouveaux projets sont également mis en œuvre dans l’agribusiness qui permettent l’accès à des ressources techniques, outils numériques et à la propriété foncière, afin de renforcer leur compétitivité. Les femmes sont en effet au cœur de la sécurité alimentaire.
Outre ces interventions opérationnelles, la Banque produit des « Profils Genre Pays », qui permettent de générer des données chiffrées et d’identifier les domaines prioritaires d’intervention.
En raison de la persistance d’importantes disparités juridiques et socio-économiques entre les hommes et les femmes sur le continent, la Banque a lancé conjointement avec la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) l’Indice de l’égalité des genres en Afrique.
Cet indice composite vise, entre autres, à évaluer la situation des femmes en comparaison et aux côtés des hommes dans trois dimensions : le bien-être économique, le bien-être social et l’autonomisation, à savoir la représentation politique et institutionnelle.
En collaboration avec la CEA et ONU Femmes, la Banque a organisé la diffusion mondiale du rapport de l’égalité des genres en Afrique (https://bit.ly/3qsbHzS) en décembre 2020.
Selon ce rapport, l’écart dans la région du Sahel reste le plus marqué – avec une moyenne de 31,9 %, qui du reste est inférieure à la moyenne continentale estimée à 48,4%, en dépit des efforts remarquables et soutenus menés par les autorités dans cette région.
Cette situation défavorable s’explique par les multiples défis rencontrés dans la région qui tendent à annihiler et rendre insignifiantes les avancées qui y sont constatées.
Selon l’indice, c’est la dimension économique qui présente les disparités de genre les plus prononcées, soulignant la nécessité de débloquer davantage de financement pour libérer le potentiel des femmes entrepreneures.
C’est en réponse entre autres à cette exigence que la Banque a lancé l’initiative AFAWA (Affirmative Finance Action for Women in Africa) dont l’objectif est de favoriser l’accès des femmes africaines au financement afin de réduire leurs obstacles dans la création d’activité économique.
La Banque cherche ainsi à combler un déficit de financement en défaveur des entreprises appartenant ou dirigées par des femmes en Afrique évalué à 42 milliards de dollars.
Autre initiative plus récente, la Banque et plusieurs partenaires ont inauguré, en octobre 2020, le réseau « Femmes pour l’éthique et la conformité en Afrique » (WECA, Women in Ethics and Compliance in Africa) autour de cadres et dirigeantes impliquées dans la lutte contre la corruption et la non-conformité dans les entreprises et activités commerciales.
La Banque africaine de développement encourage, enfin, un dialogue politique qui vise à soutenir les efforts de ses pays membres régionaux pour améliorer l’accès des femmes aux ressources économiques et sociales, en particulier la scolarisation des filles et l’amélioration de l’accès des femmes à la terre à travers des législations foncières plus favorables.
Source : APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).
Réagissez à cet article