Le président Macky Sall a donné le ton des ambitions du Sénégal dans le secteur des transports aériens. Dans un entretien diffusé par la chaine de télévision nationale RTS le mercredi 4 août, il est revenu sur les déclinaisons du Plan Sénégal émergent (PSE), ce référentiel de politique économique et social qui vise à faire du pays un hub incontournable de l’aérien et du tourisme en Afrique.
Une compagnie aérienne à la hauteur des ambitions du PSE
Pour le chef de l’Etat, Air Sénégal est un pilier essentiel du PSE. Lancée avec un capital initial de 40 milliards FCFA (61 millions d’euros) mobilisés par l’Etat, la compagnie porte-étendard a démarré ses opérations commerciales le 14 mai 2018, avec pour ambition de devenir un outil d’attraction touristique et économique qui ouvre le Sénégal au monde.
« Je rêve d’une compagnie qui va être d’ici 20 ans l’alter ego d’Ethiopian Airlines qui est une réussite pour l’Ethiopie », a-t-il déclaré, saluant au passage la forte résilience de la compagnie éthiopienne (plus de 120 avions, plus de 12 millions de passagers par an, plus de 130 dessertes) depuis le début de la crise sanitaire. « Il faut être fier des réussites africaines ».
Né des cendres de la défunte Sénégal Airlines (2016), le lancement du pavillon national répond à une démarche rigoureuse et cohérente reposant sur une planification stratégique rationnelle de l’Etat, a-t-il laissé entendre. « Je surveille personnellement et particulièrement le développement d’Air Sénégal, un ou deux jours ne passent pas sans que je n’appelle le directeur général ou le ministre […] parce que je veux que ça soit une réussite et c’est possible. »
3 ans seulement après son lancement, Air Sénégal est évidemment bien partie pour soutenir l’ambition du président Macky Sall de faire de Dakar un hub. La compagnie maintient le cap et ne cache pas ses ambitions de croissance.
Au milieu la crise sanitaire, Air Sénégal continue l’expansion de son réseau de dessertes. C’est l’une des compagnies africaines ayant connu la plus forte expansion au cours de ces dernières années. Depuis février, le transporteur a ouvert six nouvelles routes : Lyon, Milan, Douala, Libreville, Cotonou et Freetown. Sa carte de dessertes comprend désormais une quinzaine de villes dans quatorze pays en Afrique et en Europe. Mais Air Sénégal ne compte pas s’arrêter là. A partir du 2 septembre prochain, la compagnie ouvrira sa première route transpacifique vers New York et Washington aux Etats-Unis. Elle estime qu’environ 42 224 passagers seront transportés au cours de la première année de service.
Pour soutenir son plan de croissance, le gouvernement a misé sur une flotte moderne pour son pavillon national. Air Sénégal attend, d’ici la fin de l’année, le premier de ses huit Airbus A220-300 en commande. Ce sont des appareils flexibles et adaptés qui permettront d’opérer « avec 25% en moins de coûts de carburant et 17% en moins en coût de maintenance », indique le directeur général, Ibrahima Kane. La compagnie exploite actuellement 8 avions, dont deux Airbus A330-900neo. C’est le premier opérateur de cet appareil en Afrique.
Un aéroport ultra moderne, un centre de maintenance, une école de formation en appui
Ibrahima Kane, le patron d’Air Sénégal, a pris la pleine mesure du cap fixé. Intervenant à la suite du président, il a rappelé que la création de la compagnie nationale n’est pas un projet isolé, mais s’imbrique dans une architecture plus large « tendant à démocratiser le transport aérien dans le pays » conformément aux objectifs du PSE.
C’est d’ailleurs cette vision qui a soutenu la mise en service en décembre 2017 de l’aéroport international Dakar Blaise Diagne (AIBD), une plateforme ultra moderne aujourd’hui détentrice de plusieurs certifications. Principale porte d’entrée du Sénégal, elle dispose d’une capacité de traitement de 3 millions de passagers extensible à 10 millions. En 2019, elle a traité un nombre record de 2,5 millions de passagers, se hissant dans le top 5 des plateformes les plus achalandées d’Afrique de l’Ouest. AIBD repose sur une importante réserve foncière offrant la possibilité d’y construire une seconde piste d’atterrissage sur le long terne.
Pour lui, la réussite d’Air Sénégal et du plan de hub aérien passe inéluctablement par la formation locale des ressources humaines et la domestication des tâches de maintenance. « Chaque fois qu’une compagnie est obligée d’aller chercher des expatriés, pilotes ou mécaniciens, un centre de maintenance ailleurs que chez soi, elle a peu de chance d’être rentable », a-t-il martelé, soulignant qu’Air Sénégal a besoin de 120 pilotes d’ici 3 ans.
En décembre, la compagnie a signé un protocole d’accord avec AIBD SA pour la mise en place d’une cadre de partenariat et de coopération en vue de la construction d’un centre de maintenance aéronautique dont le projet d’études a été conçu par ADP Ingénierie. Le coût du projet est estimé à environ 56 milliards FCFA (85 millions d’euros).
Plus tôt ce mois, Air Sénégal a lancé la campagne de recrutement de sa toute première promotion de pilotes cadets et techniciens de maintenance aéronautique. Les candidats retenus seront formés à l’Académie internationale des métiers de l’aviation civile (AIMAC), la nouvelle école de référence mise sur pied par la compagnie en collaboration avec l’Armée de l’air sénégalaise. A l’issue d’une formation de 2 ans, ils rejoindront Air Sénégal en tant qu’officiers pilotes de ligne et techniciens de maintenance aéronautique.
In fine, le Sénégal est également conscient que l’attractivité du pays – qui vise 3 millions de touristes par an – passe par le développement des pôles autour des filières balnéaires, culturelles, d’éco-tourisme, d’affaires… Ainsi, l’un des aspects phares du PSE, dans son volet « infrastructures » comprend la modernisation de 13 aéroports régionaux pour un budget de plus de 210 millions d’euros.
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