Depuis quelques années, le développement fulgurant des technologies du numérique en Afrique s’est imposé comme un levier clé pour atteindre les Objectifs de Développement Durables (ODD) définis dans l’Agenda 2030 des Nations Unies. Tribune de Cyriac Gbogou.
L’ODD numéro 7 constitue l’un des principaux défis pour le continent : garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, et ce à un coût abordable. Pourtant, les obstacles pour y parvenir sont encore nombreux. En effet, entre 2020 et 2021, environ 600 millions de personnes en Afrique n’avaient toujours pas accès à l’électricité, entravant dès lors leur accès aux services essentiels que sont la santé, l’éducation ou encore les services financiers.
Le déploiement d’infrastructures numériques permettant d’allier transition digitale et écologie apparaît alors comme une véritable solution afin de concilier croissance économique et développement durable en Afrique.
En Afrique, l’extension des réseaux pour l’électrification du continent est un processus long et coûteux. Des inégalités persistent en termes d’infrastructures entre les pays, voire entre les zones d’un même pays. Les populations en zones rurales sont les plus touchées par ces problématiques. En 2018, d’après les estimations de la Banque africaine de développement, 130 à 170 milliards par an seraient nécessaires afin de combler le déficit infrastructurel.
En 2021, 58% de la population sur le continent vivait en milieu rural, là où l’accès aux services publics de base, parmi lesquels l’électricité, reste encore un défi de taille à adresser. Afin de désenclaver ces territoires tout en prenant en compte la lutte contre le réchauffement climatique, il est plus que jamais urgent d’investir dans des projets énergétiques innovants et ainsi garantir un accès équitable, fiable et durable à l’énergie pour tous.
Pouvant être installés et mis en service rapidement, à un coût défiant toute concurrence, les micro-réseaux reposant sur des installations solaires, s’imposent comme des solutions de choix pour répondre au défi de l’électrification des zones rurales. Ce faisant, il apparaît également possible d’accorder technologie, protection de l’environnement et croissance socio-économique.
Sur ce modèle, la solution RuralStar Pro présentée dans la campagne des 100 visages de Huawei, a permis à quelque 8 millions de personnes dans 2000 villages d’accéder à l’énergie et à une connexion Internet de haute qualité et à haut débit. Autoalimentée, peu coûteuse et requérant une faible consommation d’énergie, cette solution développée dans 13 pays de la région Northern Africa de Huawei est particulièrement innovante. Il est devenu crucial de poursuivre sur cette voie pour assurer l’accès à l’énergie et à Internet pour tous en Afrique, véritable socle du développement socio-économique des pays et de facto, du continent.
Mais l’enjeu est plus grand encore. Si la numérisation du continent se fait à une allure si fulgurante, pour l’heure, la grande majorité des data centers des pays africains ne sont pas hébergés sur le continent.
Dès lors, nous voyons de plus en plus se développer une volonté de relocaliser ces data centers sur le continent africain, afin de voir progressivement émerger une souveraineté numérique africaine. Je me réjouis à l’idée de voir les pays s’emparer de ces considérations essentielles pour la souveraineté numérique et pour le développement socio-économique de notre continent, mais j’appelle l’ensemble des parties prenantes à considérer les problématiques environnementales qui accompagnent le développement de ces technologies extrêmement énergivores.
Nous devons tous être conscients que sans énergie abordable et durable, la transformation numérique pleine et entière de l’Afrique ne pourra pleinement advenir. Il importe donc de concentrer tous nos efforts sur le développement de Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) vertes, celles-ci permettant de développer des systèmes moins gourmands en énergie et ainsi de faire de nos sociétés, des économies durables.
Il sera donc plus que nécessaire de penser à un développement du numérique qui soit viable et durable. Pour ce faire, le recours aux énergies renouvelables sera essentiel.
Ainsi, si le numérique favorise l’émergence des énergies vertes en Afrique, il est également dépendant d’elles pour se développer durablement. Pensons cette interdépendance et apportons à nos populations les solutions numériques et énergétiques qui leur permettront de jouer un rôle clé dans leur croissance économique et sociale.
Qui est Cyriac Gbogou ?
Cyriac Gbogou est né le 2 septembre 1980 à Kpada (Soubré), village situé au sud ouest et capitale du cacao de la Côte d’Ivoire. Après avoir parcouru pendant des années une partie du continent africain avec ses parents en qualité d’étudiant-résident respectivement au Sénégal, Togo, Mali et au Congo-Brazzaville, il rentre définitivement en Côte d’Ivoire en 2001.
Revenu de cette longue tournée africaine avec un esprit de « panafricanisme », il décide de suivre des études supérieures en sciences informatiques. il est titulaire d’un diplôme d’ingénieur en Sciences Informatiques, option réseau.
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