Au Kenya, la santé de l’économie est largement tributaire de l’évolution des performances de l’agriculture. Après avoir connu une décélération l’année dernière, le secteur devrait retrouver à nouveau le chemin de croissance grâce aux perspectives favorables dans plusieurs filières agricoles.
Au Kenya, la filière maïs reprendra des couleurs en 2023. Selon les dernières prévisions des autorités, l’offre de la céréale la plus consommée dans le pays est attendue à 44,6 millions de sacs de 90 kg (4 millions de tonnes), soit 30 % de plus qu’un an plus tôt.
Ce niveau s’il se confirme signerait un retour à la performance dans un pays qui sort de 5 saisons consécutives de précipitations inférieures à la moyenne et surtout d’une sécheresse de 2022 qui a été sa pire depuis 40 ans à l’image de l’Éthiopie et de la Somalie.
Cet épisode a gravement affecté la production de la denrée de base, la tirant vers son plus bas depuis plus d’une décennie et fait flamber ses prix. Dans la première économie d’Afrique de l’Est, le kg de maïs a été vendu en moyenne à 76 shillings (0,51 $) en septembre 2022 contre moins de 40 shillings (0,26 $) en moyenne sur la même période entre 2018 et 2021.
Une météorologie plus clémente et des mesures publiques favorables
La reprise de la production serait d’abord liée à des conditions climatiques plus propices aux activités agricoles. Au temps sec enregistré un an plus tôt a succédé des pluies qui sont tombées en quantités suffisantes entre mars et mai (longue saison des pluies).
Ces précipitations ont permis de reconstituer les réserves en eau et booster les rendements de la céréale dans les principales régions de culture situées dans la vallée du Rift. Hormis ce facteur climatique, la hausse attendue de la récolte tient à l’amélioration de l’accès des producteurs aux engrais.
Dans le cadre de ladite campagne, le gouvernement a en effet annoncé en décembre dernier, un programme de près de 48 millions $ destiné à subventionner les engrais. Ce soutien a permis de faire passer le prix du sac de 50 kg de 6 500 shillings (43,6 $) à 3 500 shillings (23,5 $). Selon les estimations des autorités, 300 000 tonnes d’engrais soit 6 millions de sacs de 50 kg auraient ainsi été distribuées à prix réduit.
Des restrictions sur les importations
Avec les perspectives d’amélioration de la récolte, le président William Ruto a indiqué le 5 octobre dernier, la fin de l’octroi de permis pour les importations de maïs. En décembre dernier, les autorités avaient en effet autorisé l’achat en franchise de droits de douane de 900 000 tonnes de maïs entre février et août dernier en dehors de la Communauté Est-Africaine (CAE).
Selon le responsable, une enveloppe de 4 milliards de shillings (27 millions $) sera débloquée pour faire des achats de maïs auprès des producteurs. L’opération sera gérée par l’Office national des céréales et autres produits agricoles (NCPB) afin de constituer des réserves stratégiques. L’organisation devrait par ailleurs louer ses séchoirs à un prix allégé de 50 shillings par sac de 90 kg contre 400 shillings auparavant.
Plus globalement, il faut noter que les perspectives pour la filière maïs pour l’année prochaine devraient encore s’améliorer avec l’annonce en août dernier, d’une nouvelle baisse du prix des engrais à 2 500 shillings (17 $) dans le cadre de la seconde phase du programme. Ce coup de pouce devrait permettre aux producteurs d’avoir accès à l’intrant durant la petite saison des pluies s’étendant d’octobre à décembre.
Par ailleurs, dans son dernier rapport « Africa’s Pulse : Créer de la croissance pour tous grâce à de meilleurs emplois » publié au début du mois, la Banque mondiale estime que le phénomène climatique El Niño pourrait apporter des pluies supérieures à la moyenne pendant ladite période.
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