Avec une production d’or qui est passée de 18 à 58 tonnes entre 2014 et 2024, le secteur aurifère en Côte d’Ivoire est en plein boom. Investisseurs de tous horizons, notamment australiens, s’y bousculent face à la dégradation du climat des affaires dans d’autres pays miniers ouest-africains.
L’édition 2025 de l’Africa Down Under, conférence annuelle entre les compagnies minières australiennes actives en Afrique et dirigeants des pays miniers africains, s’est clôturée le 5 septembre à Perth. Pendant trois jours, le climat des affaires en Afrique de l’Ouest a dominé les débats, avec la Côte d’Ivoire présentée comme une destination de premier plan pour l’investissement aurifère.

Selon les détails rapportés par Mining Weekly, les juniors australiennes Turaco Gold et African Gold ont vanté la stabilité politique et l’environnement favorable créés par le gouvernement en Côte d’Ivoire. Il n’y a « pas de meilleur endroit au monde » pour construire une mine d’or, a affirmé Justin Tremain, directeur général de Turaco, rappelant que les permis d’exploration sont passés de 20 à plus de 200 en dix ans.
Adam Oehlman, patron d’African Gold, a souligné la rapidité des découvertes dans le pays, sa société ayant déclaré près d’un million d’onces en dix mois au projet Didievi. Tous deux ont insisté sur la rapidité des procédures et la reconnaissance du rôle du secteur dans la croissance économique.

Le FMI a ainsi indiqué dans un rapport de juillet 2025 que la Côte d’Ivoire poursuivrait une croissance soutenue, estimée à 6,0 % en 2024 et portée notamment par l’exploitation minière (+13,9 %).
Notons que les facteurs évoqués par les deux dirigeants ont déjà permis à la Côte d’Ivoire de se hisser en 2023 à la première place ouest-africaine des juridictions minières évaluées par le Fraser Institute. Pour son classement annuel, ce think tank canadien sollicite des responsables d’entreprises actifs dans les pays miniers à travers le monde pour évaluer le potentiel minéral et les politiques minières pratiquées.

Pour autant, les investisseurs en Côte d’Ivoire doivent composer avec certains défis. Pour tirer profit de la hausse du cours de l’or, le gouvernement ivoirien a inscrit dans la Loi de finances 2025 un relèvement de 2 points du taux de la redevance minière (taxe Ad Valorem) perçue sur les ventes d’or.
Les autorités ont aussi initié en 2024 une révision du code minier, dans le but de renforcer l’attractivité de la Côte d’Ivoire parmi les juridictions minières, mais aussi « assurer l’équité dans la répartition de la richesse » minière. Cette déclaration du ministre des Mines Mamadou Sangafowa-Coulibaly n’est pas sans rappeler les discours tenus récemment au Mali et au Burkina Faso, et qui ont abouti à la hausse de la participation publique dans les mines.
La relecture du code minier suscite jusqu’ici peu de réactions des acteurs concernés, sans doute parce que les changements à venir n’ont pas encore été annoncés par les autorités. Enfin, un test pour la stabilité politique et économique de la Côte d’Ivoire se profile avec l’élection présidentielle d’octobre 2025.
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