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#Banque #Investissement #Ethiopie
Agence Ecofin
Hier Dernière mise à jour le Mardi 31 Décembre 2024 à 07:00

Cette réforme intervient alors que l’Ethiopie, qui compte 120 millions de consommateurs, poursuit sa transition économique, notamment marquée par la libéralisation récente du marché des changes. Malgré les défis, les autorités espèrent que l’arrivée de banques étrangères favorisera les investissements, l’innovation et une croissance durable.

Après des décennies de protectionnisme intégral, le Parlement éthiopien a voté, mardi 17 décembre 2024, une loi qui ouvre son marché bancaire aux investisseurs étrangers. Une décision saluée par certains comme un tournant économique majeur, mais redoutée par d’autres qui craignent une mise à genoux des acteurs locaux face à la puissance de capitaux internationaux.

Ce changement intervient dans un contexte de réformes économiques destinées à stimuler les investissements étrangers et à renforcer la compétitivité du système financier national. Le secteur bancaire, qui gère actuellement des actifs estimés à 3,3 trillions de birrs (environ 26 milliards de dollars), peine à inclure les 120 millions d’Ethiopiens. 50% des Ethiopiens en effet, ont accès aux services financiers selon la Banque mondiale, et 500 000 citoyens bénéficient actuellement de prêts bancaires.

Le texte, approuvé après six mois de débats, autorise les banques étrangères à pénétrer le marché éthiopien par la création de filiales, l’ouverture de bureaux de représentation ou l’acquisition de parts dans des banques locales. Toutefois, des garde-fous ont été introduits pour protéger les intérêts nationaux : les étrangers ne pourront détenir plus de 49% des actions d’une banque locale, tandis que 51% des parts devront rester sous contrôle éthiopien.

Le secteur bancaire éthiopien compte actuellement 32 institutions, avec une capitalisation totale estimée à 290 milliards de birrs. La Banque commerciale d’Ethiopie (CBE), détenue par l’Etat, domine le marché avec 21,5% du capital total, soit 62,5 milliards de birrs. Cinq autres banques privées, comme Awash, Abyssinia et Dashen, sont parmi les institutions de taille moyenne, tandis que les 25 restantes sont classées comme de petites structures.

La Banque nationale d’Ethiopie a donné aux banques locales jusqu’à 2026 pour renforcer leur capital libéré à 5 milliards de birrs. Un impératif qui, selon les autorités, doit préparer le secteur à l’arrivée des mastodontes étrangers. Dans le même élan, cinq nouvelles directives ont été adoptées pour durcir la supervision prudentielle et rapprocher les pratiques locales des standards internationaux dictés par le cadre de Bâle. Une mise à niveau ambitieuse, mais qui pourrait s’avérer un casse-tête pour les petites banques déjà fragiles.

La décision d’ouverture suscite d’ailleurs des inquiétudes chez certains parlementaires, notamment Desalegn Chane, député du Mouvement national Amhara, qui craignent que les banques locales ne fassent poids devant la puissance financière des institutions étrangères.

Pour le gouverneur de la Banque nationale, Mamo Mihretu, cette ouverture est nécessaire pour attirer des investissements étrangers et moderniser le secteur. « Nos banques sont solides et résilientes, même si certaines rencontrent des défis spécifiques, qui sont sous contrôle de la Banque centrale », a-t-il assuré devant le Parlement.

Le gouvernement avait annoncé en juin, un plan pour délivrer jusqu’à cinq licences bancaires à des investisseurs étrangers sur une période de cinq ans, un des signes de la volonté de libéraliser l’économie et de renforcer la compétitivité du pays, en ligne avec le processus de réformes économiques amorcé en 2021.

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