A l’issue du scrutin présidentiel gambien du 4 décembre, Adama Barrow a été réélu pour un 2emandat, avec 53% des voix. Malgré cette nouvelle « victoire de la démocratie », le chef d’Etat devra relever des défis sur le plan économique et de la cohésion sociale, en plein covid-19.
En Gambie, le président Adama Barrow vient de remporter un nouveau scrutin présidentiel, synonyme de deuxième mandat. Dans la soirée du dimanche 5 décembre, la Commission électorale indépendante du pays a annoncé que l’ancien homme d’affaires a obtenu 53% des suffrages exprimés, lors du vote du samedi 4 décembre.
Il devance de loin Ousainou Darboe, son ancien vice-président, et principal adversaire. Celui-ci n’a recueilli que 28% des voix, malgré une majorité absolue de son parti au Parlement, qui laissait entrevoir une élection disputée entre les deux leaders. Bien que ses opposants contestent les résultats, Adama Barrow a salué « une élection libre, équitable, et transparente », indiquant que la « démocratie a suivi son cours ».
Il faut dire que malgré les tensions pré-électorales qui ont vu l’ancien président Yahya Jammeh intervenir dans la campagne pour rallier la population contre son successeur, le scrutin s’est déroulé de façon pacifique et aucune violence n’a été répertoriée dans les bureaux de vote. Pour rappel, il s’agit de la première élection présidentielle du pays en 27 années, sans la participation de Yahya Jammeh, et selon la Commission électorale, près de 89% des électeurs se sont déplacés. Cependant, bien que salué, ce premier véritable succès démocratique de l’ère post-Jammeh cache d’importants défis socio-économiques.
Malgré une croissance économique de 5% en moyenne entre 2016 et 2019, le pays occupe la 172e place mondiale sur 189 pays de l’indice du développement humain (IDH) en 2020. D’après le Programme alimentaire mondial, 48% de la population serait pauvre, tandis que l’économie continue de dépendre essentiellement du secteur agricole, touristique et des envois de fonds de l’étranger.
Une situation qui explique l’effondrement de la croissance économique du pays à -0,2% en 2020, en raison de la covid-19 qui a perturbé les échanges mondiaux. De plus, deux ans après son lancement, la Commission vérité, réconciliation et réparations n’a toujours pas permis de juger les tortionnaires et criminels de l’ancien régime, et n’a toujours pas permis d’indemniser les victimes. A l’entame de son second mandat, Adama Barrow sera particulièrement attendu sur ces deux chantiers.
Côté économie, la Gambie bénéficie déjà d’un programme de réformes économiques pilotées par le FMI, visant notamment à « soutenir une croissance inclusive et réduire la vulnérabilité de la dette ». Concernant le second volet, la Commission vérité, réconciliation et réparations a rendu son rapport, le jeudi 25 novembre, au président de la République qui a promis que le gouvernement « informera le public de sa position dans un livre blanc qui sera publié dans six mois, à compter d’aujourd’hui ».
A ces problématiques s’ajoutera la résolution des tensions politiques nées notamment des dissensions concernant la révision de la Constitution du pays.
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