En Afrique, la digitalisation entraîne des changements importants dans le fonctionnement traditionnel de plusieurs secteurs stratégiques. Du commerce à l'agriculture en passant par l’éducation, c'est une multitude d'opportunités qui s'offre aux différents acteurs grâce aux innovations technologiques. We Are Tech vous dévoile le potentiel de ces transformations à travers plusieurs secteurs clés comme celui essentiel de la santé.
Selon l’édition 2021 des statistiques sanitaires mondiales de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Afrique compte trois médecins pour 10 000 habitants et se classe dernière pour le taux de couverture sanitaire au niveau mondial. En 12 ans, le déficit de personnel soignant ne s’est d’ailleurs pas beaucoup amélioré puisque la région comptait 2 médecins pour 10 000 habitants en 2009.
Cette statistique reflète la triste réalité que partagent plusieurs pays d’Afrique où le système de santé se caractérise encore par un manque de personnel qualifié et de plateau technique adéquat. Mais depuis quelques années, à la faveur de la quatrième révolution industrielle, une flopée d’initiatives voit le jour portée par des start-up en quête de solutions efficaces à l’accès aux soins de qualité sur le continent.
IA, télémédecine, …
Au Rwanda, Insightiv Technologies, a développé ainsi une plateforme utilisant une technologie de pointe associant l’intelligence artificielle et l’imagerie médicale pour aider les radiologues à « détecter plus rapidement les maladies potentiellement mortelles ».
Il faut noter que l’utilisation de l’intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent, notamment en Tunisie où Saoussen Ayari, cofondatrice de AI Diagnosis Vision, explique qu’elle contribue à résoudre les retards et les imprécisions dans les diagnostics liés essentiellement à « l’inégalité de répartition des machines radiologiques standards et spécifiques sur le territoire tunisien ».
L’utilisation de l’intelligence artificielle dans le système de santé fait déjà ses preuves sur le continent
C’est d’ailleurs conscient de l’impact que la multiplication et la démocratisation de ce type de solutions peut avoir sur le niveau de bien-être des populations dans plusieurs pays du continent, que l’organisme fédéral américain The National Institutes of Health a décidé en 2021 d’investir 74,5 millions $ afin de soutenir la recherche médicale basée sur l’IA et l’analyse de données en Afrique.
Au Cameroun la startup Waspito, lancée par Jean Lobé Lobé, a développé une plateforme mobile de télémédecine utilisant la géolocalisation. Elle met en relation les patients avec des médecins, des hôpitaux et laboratoires et facilite la prise de rendez-vous pour une consultation ou le prélèvement d’échantillons pour analyse. La solution garantit ainsi aux malades l’accès à un spécialiste de la santé et lui évite de longues files d’attente. Waspito qui veut devenir le « Facebook de la santé » en Afrique offre aussi une plateforme de discussions entre patients et praticiens dans un souci de sensibilisation et d’éducation. Les patients peuvent aussi parler à leurs médecins via des appels vidéo.
Au Bénin, l’application goMediCAL offre un service similaire, centré sur la prise de rendez-vous chez le médecin et la téléconsultation. Elle donne aussi la possibilité de prendre rendez-vous pour un proche et de payer la consultation. L’application dispose aussi d’une fonction qui rappelle au patient ses heures de prise de médicaments qu’il peut d’ailleurs acheter en ligne en consultant une liste de pharmacies ouvertes.
Même l’accès aux médicaments est déjà facilité par la technologie. Au Rwanda, AFIAPHARMA a développé une plateforme web et une application mobile sur laquelle le patient peut commander le produit dont il besoin et se faire livrer à domicile.
Un écosystème healthtech bouillonnant
Quelque peu timide par le passé, le secteur de la healthtech a connu une véritable transformation en 2020 et 2021 grâce à la Covid-19 qui a révélé son importance dans la fourniture des services de santé, même en période de crise. Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total capté par les startups en Afrique, selon les données relayées par Techpoint. Une performance qui représente le triple du total des financements obtenus par le secteur de la healthtech en 2020.
Alors que les start-up africaines ont levé environ 4,4 milliards $ l’année dernière, soit plus du double des financements de 2020, la part captée par celles actives dans le secteur de la santé a également augmenté. Elle a dépassé les 300 millions $, soit 8% du montant total.
Mieux, ce montant est supérieur au total des deux années précédentes, ce qui donne une idée de la progression enregistrée en 24 mois. Alors que le segment healtech (et biotech) n’était pas sur le podium des secteurs les plus soutenus par les investisseurs il y a deux ans, il occupe désormais la deuxième place, derrière l’indétrônable segment des entreprises de technologies financière (fintech).
Le dynamisme de ce secteur et son impact potentiel sur le développement en Afrique sont sans doute quelques unes des raisons qui ont poussé la fondation Novartis, en collaboration avec la Fondation norvégienne Norrksen, à lancer l’année dernière son HealthTech Hub Africa au Rwanda.
L’incubateur est installé dans les locaux de la Norrksen House à Kigali, où la Fondation souhaite consacrer 200 millions $ pour favoriser l’émergence des prochaines licornes africaines.
Démocratiser l’accès aux solutions
Bien que le nombre d’initiatives numériques de fourniture de soins de santé se multiplient à travers l’Afrique, de nombreux défis restent à relever pour leur permettre d’améliorer les conditions de vie de millions de personnes. La grande majorité des innovations actuelles s’adressent surtout à un public habitué à utiliser internet et les smartphones, sur un continent où le taux de pénétration de l’internet mobile n’est encore que de 28%. Pour les populations rurales, c’est un obstacle majeur. De plus, la plupart des healthtech du continent proposent actuellement des solutions reposant sur la proximité avec des infrastructures de santé déjà établies, en milieu urbain et essentiellement privées. Un autre obstacle à l’accès aux soins en milieu rural.
Faciliter le développement des healthtech en Afrique, pour améliorer l’accès des populations aux soins, requiert aussi un meilleur cadre réglementaire propice à des services de qualité, sécurisés.
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