A l’occasion de la Conférence Africaine pour la paix, Ecomnews Afrique a pu interviewer Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute de Dakar - African Center for Peace Studies. Il revient sur les causes du terrorisme au Sahel et les moyens de prévenir l’extrémisme religieux.
Ecomnews Afrique s’est rendu durant 3 jours à la Conférence Africaine pour la Paix qui s’est déroulée à Nouakchott, en Mauritanie, du 8 au 10 février. Les échanges ont porté sur la déconstruction du discours extrémiste, la lutte contre le terrorisme, et la promotion d’un islam modéré.
A cette occasion, nous avons pu nous entretenir avec Bakary Sambe, Directeur du Timbuktu Institute de Dakar – African Center for Peace Studies et enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis – UFR CRAD (au Sénégal) et docteur de l’Université Lumière Lyon 2 (IEP) en Sciences Politiques et Relations Internationales.
« Timbuktu Institute est un centre d’étude africain sur la paix et la promotion des valeurs de paix qui se base essentiellement sur l’éducation par alternative aux autres méthodes basées sur la sécurité et sur le militaire » explique Bakary Sambe.
Il a notamment fondé l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique. Ses recherches portent sur les réseaux transnationaux, l’islam dans les relations arabo-africaines, ainsi que la radicalisation et le militantisme islamique au Sahel. Expert auprès des Nations Unies, de l’Union Européenne et de l’Union Africaine, il a participé à la création de la Cellule régionale de la lutte contre l’extrémisme du G5 au Sahel.
« Dans notre espace francophone, très souvent, on confond deux choses différentes : la prévention de l’extrême violence et la lutte contre le terrorisme. La lutte contre le terrorisme se base sur les moyens militarisés et l’objectif est l’élimination des cibles. Hélas, les cibles peuvent se régénérer. La prévention de l’extrémisme violence s’attaque aux causes structurelles : le chômage, l’éducation, le manque d’éducation, les discriminations, etc… Et cette méthode là, on l’appelle l’approche holistique qui, non seulement inclut l’État en tant qu’acteur, les forces de sécurité et de défense, mais aussi donnent une grande part aux leaders religieux, aux communautés, aux chefs traditionnels, aux parents, à la famille, à l’école. »
« Dans le Sahel, c’est l’approche militaire qui a été appliquée pour éradiquer le terrorisme. La preuve : les groupes terroristes se sont multipliés au lieu d’être éradiqués et nous sommes aujourd’hui tombés dans des conflits intercommunautaires qui complexifient davantage la question du Sahel ».
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