Uranium
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Agence Ecofin
13 juin 2022 Dernière mise à jour le Lundi 13 Juin 2022 à 07:30

La Namibie investit dans des installations d’eau et prévoit d’installer une deuxième usine de désalinisation pour alimenter les mines d’uranium dans la région aride d’Erongo.

C’est ce qu’a indiqué à Bloomberg fin mai à Davos le ministre des Finances Ipumbu Shiimi, précisant que ces plans sont mis en œuvre en prévision d’une hausse des prix du combustible nucléaire qui attirerait davantage d’investisseurs dans le pays. 

En réalité, on assiste depuis plusieurs mois déjà à un regain d’intérêt des entreprises étrangères pour l’uranium namibien sur fond d’inquiétudes liées au conflit russo-ukrainien et à la question de la transition énergétique. Et l’économie du pays devrait en profiter…

L’évolution des prix de l’uranium est étroitement liée à l’intérêt du monde pour le nucléaire. Ainsi, la décision des acteurs économiques mondiaux d’abandonner l’énergie nucléaire après l’accident nucléaire de Fukushima en 2011 a porté un gros coup au cours du métal radioactif. Pendant plusieurs années, son prix sera au plus bas poussant plusieurs compagnies à fermer leurs mines. 

Cette tendance baissière a commencé à s’estomper vers la fin de l’année 2020. De 20 dollars en 2016, l’uranium s’est négocié à 34 dollars en mai 2020 puis à 44 dollars en septembre 2021. Comme l’expliquait l’Agence Ecofin dans une note publiée il y a quelques mois, ce redressement des prix s’explique par des prévisions largement partagées sur une augmentation de la demande mondiale à moyen et long terme, à cause du développement de nouveaux projets de centrales nucléaires. 

Dans la course à la réduction de l’utilisation des énergies fossiles, le nucléaire revient sur le devant de la scène, car il est considéré comme une énergie propre. Entre le Royaume-Uni qui prévoit de tripler sa capacité nucléaire installée d’ici 2050, la Belgique qui veut maintenir ouverts deux réacteurs et la Corée du Sud qui compte sur l’énergie nucléaire pour atteindre ses objectifs climatiques, le regain d’intérêt est réel. 

Et avec la guerre en Ukraine et les inquiétudes qu’elle suscite sur le marché énergétique, les prix de l’uranium continuent de flamber, atteignant 64 dollars en avril 2022.

Regain d’intérêt pour l’uranium namibien

En Namibie, deux mines produisent actuellement de l’uranium, en l’occurrence Rossing Uranium Mine et Husab Uranium, toutes deux contrôlées par des investisseurs chinois. En régime de maintenance et entretien depuis 2018 dans un contexte de faiblesse des prix, la mine Langer Heinrich est en train d’être dépoussiérée par l’australien Paladin Energy. Ce dernier prévoit de lancer en juillet prochain les travaux de redémarrage pour remettre l’actif en production d’ici 2024.

Il faut ajouter à ces trois mines plusieurs projets en cours de développement par différentes compagnies. La société australienne Deep Yellow prévoit en effet de réaliser d’ici fin 2022 une étude de faisabilité sur son projet Tumas. Selon l’étude de préfaisabilité réalisée en 2021, le projet pourrait produire 2,5 millions de livres d’oxyde d’uranium, sur une durée de vie de 11,5 ans, et ce, grâce à un investissement initial de 98 millions de dollars. 

En mars dernier, Bannerman Energy a mobilisé 34,2 millions de dollars qu’elle prévoit consacrer au développement de son projet Etango. Le financement servira, apprend-on, à boucler l’étude de faisabilité du projet d’ici le troisième trimestre 2022, à réaliser les travaux d’ingénierie et la conception de base (Front-End Engineering and Design), puis la conception détaillée de la mine.

De son côté, Elevate Uranium a annoncé début mai une première estimation des ressources de 20,3 millions de livres pour son projet Koppies. Quant à la junior minière Monterey Minerals, elle a acquis en mars sept prospects d’uranium dans la province d’Erongo et prévoit d’entamer une campagne d’exploration durant le deuxième trimestre de l’exercice 2022.

Attirer davantage d’investissements pour booster l’économie

Quand on fait un tour d’horizon des projets en cours de développement et réhabilitation en Namibie, les plans du gouvernement annoncés par le ministre Shiimi prennent tout leur sens. « Il y a un certain nombre de projets d’uranium qui attendent juste que le prix se redresse […]. Si le prix atteint 65 à 70 dollars la livre, alors cela déclenchera davantage d’investissements dans l’uranium », a-t-il indiqué.

Pour la Namibie, les enjeux ne sont pas difficiles à deviner. Plus de 50 % de ses exportations sont issues du secteur minier (10 % du PIB) porté par des produits comme l’uranium, le diamant, le cuivre ou encore le manganèse et le zinc. Si la chute des prix consécutive à l’accident de Fukushima a donc logiquement affecté l’économie namibienne, la situation actuelle sur le marché ne peut que susciter de nouveaux espoirs chez les dirigeants.

Alors qu’elle produit de l’uranium depuis 1976, la Namibie était encore en 2018 quatrième producteur mondial d’uranium avec un volume estimé à 5525 tonnes soit des milliers de tonnes devant le Niger, l’autre géant de l’uranium en Afrique (2911 t). Seuls le Kazakhstan, le Canada et l’Australie faisaient mieux. Aujourd’hui, le Niger est le premier producteur d’Afrique avec 2 991 tonnes d’uranium produites en 2020 selon la BCEAO.

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