Le continent africain dispose d’énormes potentialités et reste une destination attractive pour les investisseurs, malgré des contextes nationaux complexes et les changements géopolitiques. L’Afrique serait la région la plus rentable au monde, d’après l’OCDE.
L’Afrique fait face à des chocs exogènes qui impactent négativement sa croissance et son développement socioéconomique. La pandémie du Covid-19 a notamment compromis la croissance soutenue qu’enregistrait le continent depuis un quart de siècle et la guerre russo-ukrainienne fait peser la menace d’une crise alimentaire aiguë sur les populations africaines. Ce sont là quelques-uns des points relevés jeudi 3 novembre 2022, lors d’une session organisée à l’occasion de la troisième édition de l’Africa Investment Forum, qui se tient du 2 au 4 novembre à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Intitulée « Commerce et investissement – Comment l’Afrique peut-elle être plus compétitive dans un contexte mondial ? », la session a été marquée par des déclarations préliminaires du ministre ivoirien chargé du Commerce, de l’Artisanat et des Petites et moyennes entreprises, Souleymane Diarrassouba, du président de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) Benedict Okey Oramah, et du secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine Wamkele Mene.
Un panel a ensuite réuni Admassu Tadesse, président de la Trade and Development Bank (la banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est), Rajakumari Jandhyala, présidente de YAATRA Ventures (une plate-forme qui offre aux investisseurs une approche particulière pour déployer des capitaux dans l’énergie, les infrastructures et les opportunités à valeur ajoutée en Afrique et sur les marchés émergents), Mohan Vivekanandan, directeur de la Development Bank of Southern Africa (banque de développement d’Afrique du Sud) et Bernard Ayitée, président-directeur général d’Obara Capital (un fond d’investissement qui offre des solutions et des financement alternatifs aux entreprises et aux pays africains).
Avec une population majoritairement jeune, un quart de la population mondiale qui devrait vivre en Afrique d’ici à 2050 et la Zone de libre-échange continentale africaine qui progresse, le potentiel du continent dans l’économie mondiale augmente. Le continent recèle 65 % des terres arables non exploitées du monde, des minéraux dont certains (cobalt, lithium) sont indispensables pour la production de batteries, et est leader mondial pour certains produits agricoles (cacao, café, coton, huiles essentielles, acajou).
L’Afrique affiche des coûts de production relativement bas, a souligné le ministre Souleymane Diarrassouba : « L’Afrique est la région la plus rentable au monde, d’après l’OCDE. Les investisseurs du continent et d’ailleurs doivent saisir ses opportunités d’investissements énormes », a-t-il souligné.
Le président d’Afreximbank a plaidé pour que change enfin le discours qui tend à marginaliser le continent et appelé les pays africains à redoubler d’efforts pour que la zone de libre-échange devienne totalement opérationnelle. Et ne plus être à la traîne en matière d’intégration régionale par rapport aux autres régions du monde.
Représentant un marché de 1,3 milliard de consommateurs, cette zone de libre-échange va rendre le continent plus compétitif à l’échelle mondiale pour les investissements étrangers directs et libérer les flux commerciaux, a argué Wamkele Mene, avant de souligner que certains coûts des transactions avaient déjà baissé, depuis l’entrée en vigueur de l’accord. Il a annoncé la tenue de la 3e Foire commerciale interafricaine, ce mois de novembre à Abidjan. Selon lui, les pays africains doivent développer les chaînes de valeur dans des secteurs productifs comme l’agriculture, les mines ou l’énergie.
Les responsables d’établissements bancaires et financiers ont, quant à eux, mis l’accent sur la manière dont le continent peut tirer parti de politiques commerciales ambitieuses et des innovations dans les services financiers, pour faciliter les flux de capitaux vers des projets de développement. Ils ont souligné les progrès importants réalisés par les institutions bancaires en matière d’investissement dans les infrastructures.
Le patron de la Trade and Development Bank a cité des investissements dans des projets gaziers au Mozambique et d’énergie thermique en Tanzanie. « L’espoir est permis. Le niveau de collaboration et de cofinancement est élevé », a assuré Admassu Tadesse.
YAATRA Ventures a fait cas de ses investissements dans la sécurité énergétique en Ouganda, soulignant que la perception des risques par les investisseurs africains diffère de celle des investisseurs occidentaux.
Si les institutions financières africaines ont un vrai rôle à jouer pour les investissements à long terme sur le continent, il revient aux pays africains de créer un environnement propice pour attirer les investissements nationaux et internationaux, sont convenus les panélistes.
Source : African Development Bank Group (AfDB).
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