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#Croissance #Exportations #Poissons #Afrique #Senegal
Agence Ecofin
4 décembre 2022 Dernière mise à jour le Dimanche 4 Décembre 2022 à 08:00

Dans les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest, les ressources halieutiques jouent un rôle crucial dans la satisfaction des besoins en protéines. Avec les besoins de génération de devises étrangères, les exportations se sont accélérées au détriment parfois de la sécurité alimentaire des populations.

Au Sénégal, la priorité accordée à l’export dans la filière pêche depuis plusieurs décennies entrave la disponibilité de poissons sur le marché intérieur. C’est ce qu’indique un rapport du Département américain de l’agriculture (USDA) qui dresse un état des lieux du secteur.

Dans le pays de la Teranga, le volume des expéditions du produit sous toutes les formes (frais, congelé et transformé) a grimpé de près de 65 % entre 2015 et 2020, passant de 188 463 tonnes à environ 291 000 tonnes selon les données de la Direction des Industries de Transformation des Pêches (DITP).

Cette hausse des stocks écoulés sur le marché international a accru considérablement les recettes pour l’Etat. En moyenne sur ladite période, les caisses publiques ont engrangé 453 millions $ par an avec un pic de 540,4 millions $ enregistré en 2019.

Si du côté des autorités on se frotte les mains, l’USDA souligne que cette situation reste problématique alors que le poisson compte pour 70 % de l’apport en protéines animales, soit plus que la moyenne mondiale (20 %) et que la consommation par tête atteint 29 kg par an. Un niveau supérieur à la valeur mondiale (20,5 kg) et deux fois plus que le volume moyen africain (10 kg) d’après la FAO.

Une hausse des prix qui pénalise pour les consommateurs  

Sur la dernière décennie, le développement rapide des exportations principalement à destination du reste du continent africain et de l’Union européenne (UE) a conduit à une hausse des prix de plusieurs espèces de petits pélagiques.

Par exemple la sardinelle (yaboye en wolof), principal poisson consommé, est désormais vendue sur les marchés à 150 Fcfa pour le kilogramme contre par exemple 25 Fcfa entre 1980 et 2000. Pour expliquer cette flambée, l’USDA indique que l’espèce compte actuellement pour 60 % des volumes expédiés par le Sénégal contre moins de 10 % auparavant.

Ce renchérissement vaut également pour le poisson capitaine et le poulpe dont les prix du kilogramme ont été multipliés respectivement par 6 et 14 entre 2010 et 2020 atteignant 750 Fcfa et 1720 Fcfa.

Globalement, selon l’organisme américain, cette situation est problématique pour la sécurité alimentaire des populations qui pouvaient jusqu’ici accéder à ces espèces de poissons en dépit de leurs bas revenus et menace la disponibilité par habitant en produits halieutiques à l’échelle nationale.

Elle reste d’autant plus critique que dans le même temps, le pays n’arrive pas encore à être autosuffisant en dépit de son littoral s’étendant sur 720 km qui en fait le 2ème fournisseur de poissons d’Afrique de l’Ouest derrière le Nigeria avec 460 000 tonnes en 2021.

Selon l’USDA, les importations de poissons et de fruits de mer même si elles restent encore faibles, augmentent chaque année et proviennent essentiellement du Maroc, de l’UE et d’Indonésie. Elles ont atteint en 2020, 8 872 tonnes, soit 47 % de plus qu’en 2019 et plus que le double du volume enregistré en 2018.

La question de la durabilité 

Si pour l’instant, le Sénégal affiche un excédent commercial en produits halieutiques, l’USDA souligne que l’industrie doit faire face à plusieurs défis, dont l’épuisement des stocks lié à la surexploitation et la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) opérée par les navires industriels et alimentée par la demande à l’export.

Ce dernier phénomène fait perdre chaque année au pays 150 milliards Fcfa (238 millions $). D’après l’USDA, le gouvernement doit encore accroître ses efforts pour lutter contre le phénomène en dépit d’une loi et d’une feuille de route adoptées depuis 2015 et devrait aussi renforcer son soutien à l’aquaculture dont le volume représentait encore moins de 1 % de l’offre totale en 2021.

Pour rappel, le secteur de la pêche fournit 3 % du PIB du Sénégal et compte pour 10 % de ses envois totaux de marchandises. Il emploie aussi 600 000 personnes.

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