L'Afrique a été mise au défi d'investir davantage dans la recherche scientifique pour faire progresser les connaissances en vue de la réalisation du développement économique et social du continent. Selon African Population and Health Research Center (APHRC), l'Afrique subsaharienne ne contribue qu'à hauteur de 1 % des produits scientifiques mondiaux, tels que les brevets, les documents de recherche et les articles évalués par des pairs, avec très peu de changement au cours des dix dernières années.
La première institution de recherche-politique qui génère des preuves pour l’action politique visant à améliorer la santé et le bien-être des Africains, citant un récent Rapport de la Banque mondiale, affirme que le continent a besoin d’au moins 1 000 000 de chercheurs de qualité, titulaires d’un doctorat Ph.D pour aider à stimuler le développement économique et social au cours des dix prochaines années.
“Bien que l’Afrique soit une source importante de recherche, sa contribution globale est encore faible. Cela est dû au faible investissement dans la recherche, qui se traduit par une représentation limitée de l’Afrique dans l’économie globale du savoir. Cependant, cela représente une opportunité pour l’Afrique de faire un bond significatif en avant dans son développement social et économique. Les investissements dans la recherche et le développement (R&D) peuvent créer des millions d’emplois, générer de nouvelles connaissances pour la prise de décision, stimuler la monétisation des innovations et élever la place des scientifiques et des institutions africaines sur le marché mondial des idées et de l’influence », a déclaré le Dr Catherine. Kyobutungi, directeur exécutif, APHRC.
Le Dr Kyobutungi s’exprimait à Nairobi, au Kenya, lors d’un forum organisé par APHRC en commémoration de son 20e anniversaire, où elle a noté que les produits de la recherche ne peuvent pas à eux seuls changer le monde, mais uniquement lorsqu’ils sont appliqués dans le cadre d’une politique fondée sur des données probantes ou d’un programme d’intervention.
Cet appel intervient alors que APHRC célèbre ses vingt ans d’existence et s’attache à combler les lacunes politiques et à relever les défis qui affectent le continent Africain. En plus de promouvoir la création de nouvelles connaissances par la recherche et l’utilisation des connaissances existantes, le Centre a été à l’avant-garde de la promotion de l’approche de prise de décision fondée sur des données probantes (EIDM) dans l’ensemble de ses projets en intégrant les données probantes de la recherche, les expériences des praticiens et des bénéficiaires pour stimuler l’innovation et l’adaptation à tous les niveaux de la prise de décision.
Au cours des vingt dernières années, APHRC a mené de nombreux projets de recherche et généré des preuves qui ont façonné les politiques et les pratiques au Kenya et dans d’autres pays Africains. Au Kenya, il a contribué à des rapports historiques tels que la publication de 2013 sur l’incidence et les complications de l’avortement à risque au Kenya, l’enquête nationale STEPS de 2015 sur les maladies non transmissibles, l’enquête nationale sur la santé mentale des adolescents effectuée au Kenya en 2022 le premier Shit Flow Diagram (SFD) complet de la ville de Nairobi en 2017, qui permet de visualiser et de comprendre comment les déchets fécaux circulent dans les infrastructures de la ville, entre autres.
APHRC espère développer son portefeuille de plus de 100 projets dans plus de 35 pays, couvrant des domaines et des thématiques clés tels que l’éducation, la dynamique démographique, l’urbanisation, le développement humain, l’alimentation et les systèmes alimentaires, la santé et le bien-être.
Au cours des cinq prochaines années, l’organisation, par le biais de son programme de science des données (PSD), renforcera les systèmes de données continentaux en améliorant et en harmonisant la gouvernance des données et l’architecture des données pour le continent afin de capitaliser sur les méga données générées à partir d’études démographiques et de sources de données non conventionnelles, de l’apprentissage automatique et des outils d’intelligence artificielle pour éclairer les actions de développement prioritaires.
“Nous disons à nos dirigeants politiques que l’Afrique ne réalisera pas son rêve d’autonomisation économique et sociale en continuant à s’appuyer sur l’expertise technique internationale. Nous devons former nos propres scientifiques à partir de talents locaux qui développeront des solutions locales fondées sur des preuves qui, une fois traduite en action et intégrée dans les processus décisionnels nationaux, peut se répercuter au niveau local et changer la vie des populations », a déclaré le Dr Kyobutungi.
APHRC vise à réorganiser l’écosystème de la recherche Africaine en catalysant la formation de docteurs Ph.D par le biais de partenariats avec des institutions universitaires et en formant la prochaine génération de leaders de la recherche africaine. L’Afrique a besoin de milliers de leaders de la recherche qui, grâce à un transfert intergénérationnel de compétences et de connaissances, formeront les 1 000 000 de scientifiques nécessaires pour stimuler le développement économique et social du continent.
Grâce à des initiatives telles que le programme African Doctoral Dissertation Research Fellowship (ADDRF) et le Consortium for Advanced Research Training in Africa (CARTA), APHRC aide à reconstruire et à renforcer la capacité des universités Africaines à produire des chercheurs et des universitaires qualifiés en Afrique. ADDRF, la première initiative de renforcement des capacités à grande échelle pour APHRC, a produit plus de 185 doctorats Ph.D et 15 diplômés de niveau Master.
En ce qui concerne CARTA, son programme phare actuel, a recruté et formé plus de 250 doctorants boursiers dans divers domaines de recherche depuis la mise en place de sa première cohorte en 2011. CARTA est en partenariat avec huit universités Africaines, quatre instituts de recherche Africains et des partenaires non-Africains offrant des opportunités de formation doctorale et post-doctorale entièrement financées pour attirer, former et retenir les chercheurs les plus brillants du continent.
Mettant actuellement en œuvre son plan stratégique 2022-2026, APHRC a l’intention de devenir facilitateur et un catalyseur de l’écosystème de R&D en Afrique. Son mandat et sa portée à l’échelle de l’Afrique, son influence politique réussie dans plusieurs pays et organismes régionaux, son vaste réseau de partenaires à travers le continent et ses programmes de formation doctorale à grande échelle réussis placent le Centre en une excellente position pour assumer ce rôle.
Dans le cadre de ses activités d’anniversaire, l’APHRC a également accueilli le “Evidence to Policy Impact Symposium” (symposium sur l’impact des données probantes sur les politiques) qui a abordé les défis qui entravent l’engagement efficace des politiques publiques, la prise de décision et les interventions visant à relever les défis du développement de la santé dans les pays africains.
Source : African Population and Health Research Center (APHRC)
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