Le Ghana est le premier producteur africain d’or, et héberge aussi d’importantes ressources de bauxite et de manganèse. Le secteur minier y représente seulement 7,6 % du PIB, d’après les plus récentes données de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
Au Ghana, la contribution du secteur extractif à l’économie pourrait être beaucoup plus importante, grâce à une plus grande implication de l’État dans les projets miniers. C’est du moins l’avis du Dr Said Boakye (photo), chercheur principal du groupe de réflexion britannique Institute of Fiscal Studies (IFS) qui estime que les revenus ainsi générés atteindraient 4,2 milliards de dollars par an.
Au cours d’une conférence de presse relayée par le média local Ghanaian Times, le Docteur a prôné une approche reposant sur des coentreprises avec les multinationales actives dans le pays et un partage de la production minière. Il remet ainsi en cause le modèle actuel basé essentiellement sur une participation minoritaire dans les projets et une redevance minière sur les revenus générés. D’après des études menées par l’IFS, ce modèle profiterait en effet davantage aux multinationales actives dans le pays, au détriment des Ghanéens.
Entre 2015 et 2018 par exemple, le groupe de réflexion estime que seul 1,48 milliard de dollars de revenus a pu être récupéré par l’État, sur les 22,72 milliards de dollars de minéraux produits sur la période, soit 6,5 % du total de la richesse créée.
« Les 21,24 milliards de dollars restants, soit 93,5 %, sont allés aux producteurs privés de minéraux, principalement des multinationales, alors que les ressources minérales sont un don de Dieu et devraient donc bénéficier à l’État qui les détient en fiducie pour le peuple », a expliqué le Dr Boakye.
Cette sortie s’inscrit dans un contexte où les appels à une meilleure répartition des bénéfices générés par l’exploitation minière se font de plus en plus entendre, aussi bien du côté de la société civile que des gouvernants. Pas plus tard que fin mai, le gouvernement namibien a fait part de son intérêt de prendre des participations dans les nouveaux projets miniers, alors que des pays comme la RDC ou la Tanzanie ont modifié ces dernières années leur législation minière pour augmenter leurs bénéfices dans les projets miniers.
Cette politique rencontre cependant des obstacles dans certains pays comme ce fut le cas du bras de fer entamé avec les producteurs de cuivre en Zambie par l’ancien régime du président Edgar Lungu. L’attractivité du pays d’Afrique australe pour les investisseurs miniers s’en est trouvée menacée, obligeant le nouveau président Hakainde Hichelima à lancer une campagne de lobbying pour inciter les compagnies à concrétiser les millions de dollars d’investissements prévus depuis des années, mais bloqués à cause d’un régime fiscal jugé « non compétitif ».
Il faut aussi souligner qu’Accra met déjà en œuvre sa propre stratégie pour accroitre les revenus miniers. Cela repose notamment sur une plus grande attention accordée à l’exploitation minière artisanale et l’investissement du gouvernement dans les multinationales à travers son fonds souverain, Minerals Income Investment Fund (MIIF).
En 2022, ce dernier a injecté 20 millions de dollars dans Asante Gold, afin de faire son entrée au capital de ce producteur canadien d’or actif dans le pays. Le MIIF a renouvelé l’expérience cette année avec un investissement de 30 millions de dollars dans l’australien Atlantic Lithium, destiné à devenir le premier producteur de lithium au Ghana.
Rappelons que le Ghana est le premier producteur africain d’or. Le métal jaune est d’ailleurs le principal produit minier exporté par le pays, même s’il dispose d’importantes ressources de bauxite et de manganèse.
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