Depuis plusieurs semaines, le gouvernement fédéral du Nigeria multiplie les initiatives visant à améliorer les revenus liés à l’exploitation des ressources pétrolières qui représente environ 90 % des recettes d’exportation du pays.
En prenant la décision, il y a quelques mois, de réduire à 6 mois, contre 36 auparavant, le délai d’approbation et d’attribution des contrats d’exploration et de production pétrolière, le Nigeria a impulsé une dynamique qui a amélioré l’attractivité de son secteur pétrolier. C’est ce qu’il ressort d’une information relayée vendredi 27 juin par la presse locale, citant le régulateur amont de l’industrie pétrolière du Nigeria (NUPRC).
Au-delà du fait d’avoir permis de mobiliser plus de 16 milliards de dollars d’investissements dans ce segment depuis 2023, cette réforme a favorisé le déblocage de projets pétroliers jusqu’alors à la traîne. Elle a également encouragé la prise de décision rapide sur de nouveaux projets offshore.
En octobre 2024, la NUPRC a ainsi validé la cession d’actifs onshores de la société américaine ExxonMobil à Seplat Energy pour 1,28 milliard de dollars. Bloquée pendant plus de deux ans, la transaction a été finalisée en quelques semaines. L’entreprise locale prévoit d’ailleurs le développement de 400 puits en 2025, pour un budget estimé à 320 millions de dollars.
D’autres projets ont bénéficié de cette dynamique. En décembre 2024, la compagnie anglo-néerlandaise Shell a donné son feu vert au projet offshore Bonga North estimé à 5 milliards de dollars, après avoir acquis une participation supplémentaire de 12,5 % auprès de la multinationale française TotalEnergies. ExxonMobil a de son côté annoncé viser une décision finale d’investissement d’ici fin 2025 pour le champ Usan, en attente d’approbation réglementaire.
Cette évolution profite aussi aux opérateurs locaux. Par exemple, Renaissance Africa Energy, qui a acquis des actifs de Shell, prévoit 15 milliards de dollars d’investissements sur cinq ans dans la région du delta du Niger. D’autres compagnies locales, comme Oando Trading et Conoil, ont également engagé de nouveaux projets sur des blocs récupérés auprès de majors.
Selon la NUPRC, ces mouvements traduisent un regain d’activité dans l’amont pétrolier, porté par des délais raccourcis, un cadre réglementaire plus lisible, et des procédures digitalisées. « Ces réformes sont stratégiques et délibérées. Elles visent à renforcer la confiance des investisseurs, à améliorer la transparence réglementaire et à faire du Nigeria l’un des environnements les plus compétitifs en Afrique pour l’amont pétrolier », a déclaré le régulateur.
Le Nigeria dispose, selon la NUPRC, de 37,28 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole brut et de 210 TCF de gaz naturel. Il entend s’appuyer sur ce levier pour accroître sa production, aujourd’hui estimée autour de 1,5 million de barils par jour.
La réussite durable de la réforme dépendra de sa mise en œuvre constante dans le temps. Elle suppose le respect soutenu des délais contractuels, un cadre fiscal stabilisé, des procédures d’approbation efficaces, un meilleur contrôle sécuritaire et un accès élargi au financement. Ces conditions restent déterminantes pour transformer l’élan actuel en relance structurelle.
Réagissez à cet article