Ce montant pourrait drastiquement baisser, d’ici quelques années, en cas d’accord avec le FMI. S’exprimant devant le Parlement, le Premier ministre sénégalais a relancé le débat sur la réforme du FCFA et le recours aux financements islamiques.
Au Sénégal, le Premier ministre, Ousmane Sonko, a précisé lundi 14 avril, devant l’Assemblée nationale, que les besoins de financement de l’Etat pour l’année 2025 s’élèveraient à 1195 milliards de francs CFA (2,06 milliards $).
Ce montant pourrait progressivement diminuer à 155 milliards d’ici 2029, si un nouvel accord est trouvé avec le Fonds monétaire international (FMI). Cette déclaration intervient dans un contexte économique sensible, marqué par la suspension du programme d’aide du FMI et la révélation d’un endettement public plus élevé que prévu.
En mars dernier, le FMI a mis en pause son programme de soutien économique avec le Sénégal, après la publication d’un audit de la Cour des comptes. Celui-ci a révélé l’existence de passifs budgétaires non déclarés par le précédent gouvernement, estimés à environ 7 milliards de dollars. La dette publique, initialement annoncée à 74,4% du PIB, atteindrait en réalité 99,7%, un niveau bien au-dessus des critères de convergence de l’UEMOA.
Face à cette situation, le chef du gouvernement sénégalais a réaffirmé sa volonté d’assainir les finances publiques. Il a annoncé une stratégie de redressement sur deux ans, axée sur la réduction des dépenses, l’élargissement de la base fiscale et la diversification des sources de financement. « Le Sénégalais doit se familiariser avec le fait de payer l’impôt », a-t-il lancé, plaidant pour un effort collectif de redressement.
Parmi les solutions évoquées, le recours aux sukuk, des obligations conformes aux principes de la finance islamique. Ce type de produit financier permet de mobiliser des ressources sans intérêt, en attirant des investisseurs sensibles aux critères de la charia. Le Sénégal a déjà eu recours à ce mécanisme en 2014, 2016 et 2022. Une relance de cette stratégie pourrait renforcer l’attractivité du pays auprès des investisseurs du Moyen-Orient.
Autre déclaration marquante : Ousmane Sonko a ouvertement remis en cause l’arrimage du pays au franc CFA. Le chef du gouvernement sénégalais a insisté sur la nécessité de renforcer la souveraineté économique du pays, tout en laissant entendre que la réforme monétaire pourrait se faire de manière concertée ou unilatérale. « Le FCFA ne cadre pas avec notre vision. Soit la monnaie sera changée avec nos partenaires de l’UEMOA, soit nous prendrons nos responsabilités », a-t-il affirmé, sans donner de calendrier précis.
Malgré les incertitudes actuelles, le Trésor public a récemment envoyé un signal positif aux marchés. Le 10 avril, il a clôturé une levée de fonds sur le marché régional pour un montant de 150 milliards FCFA. L’opération a été largement sursouscrite, et a permis de mobiliser au total 405 milliards de francs CFA.
Un résultat qui montre que la signature sénégalaise conserve une certaine attractivité auprès des investisseurs de la zone UEMOA, malgré les turbulences budgétaires. Le pays est à nouveau attendu sur le marché le 18 avril où il cherche à mobiliser pas moins de 90 milliards FCFA.
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