Autrefois peu valorisée, la noix de croton, plante sauvage très répandue au Kenya, constitue désormais une source de revenus pour les start-up. Cosmas Ochieng la transforme en biocarburant et en divers autres produits.
EcoFix, start-up du domaine des énergies durables, s’est spécialisée dans la transformation de noix de croton en biocarburant. Son offre comprend également divers produits à valeur ajoutée tels que des engrais, des aliments pour animaux et des cosmétiques. La start-up s’approvisionne auprès des agriculteurs locaux, leur offrant ainsi une source de revenus viable. EcoFix traite plus de
3 000 tonnes de noix de croton chaque année, en collaboration avec plus de 6 000 agriculteurs. Cosmas Ochieng, le fondateur d’EcoFix Kenya, a voulu introduire une nouvelle culture commerciale capable de freiner l’abattage d’arbres. Il a créé la start-up en 2012, et plus tard, a choisi de se diversifier lorsqu’il lui est devenu évident qu’une dépendance excessive à l’égard des contrats de carburant ne permettrait pas de soutenir la croissance à long terme de l’entreprise.
Environ 90% de la noix est gaspillée lorsque le biocarburant est produit. EcoFix récupère donc ces restes et les transforme. La marque de cosmétique est la dernière innovation de Cosmas Ochieng, commercialisée sous le nom NEA by Nature.
Selon lui, cette plante aurait des propriétés hydratantes. Le croton est très répandu en Afrique orientale et australe, et est le plus souvent utilisé comme bois de chauffage et charbon de bois. S’il n’est pas abattu à des fins énergétiques, il est défriché pour faire place à des cultures de rente comme l’huile de palme et le café. Fleurissant deux fois par an, l’arbre produit les petites noix brunes qui finissent généralement par se décomposer au sol.
À travers ce projet, Cosmas Ochieng permet non seulement de limiter l’abattage d’arbres utilisés comme combustibles, mais aussi de créer une nouvelle activité à la fois rentable et écologique. De ce fait, la noix de croton est une véritable mine d’or pour les entrepreneurs et crée un business d’avenir. Au début, Cosmas Ochieng vendait l’engrais aux petits exploitants agricoles.
Cependant, l’engrais à base de croton est plus cher que ceux chimiques et prend plus de temps à faire effet, car il modifie la composition du sol au lieu de cibler uniquement la plante. Il s’est donc détourné des petits exploitants pour de grandes entreprises qui comprennent mieux les avantages des engrais organiques. « De nombreux agriculteurs veulent voir des changements instantanés.
Ce n’est pas comme ça que ça marche. J’ai réalisé que j’avais besoin d’argent pour le marketing afin de convaincre ces petits exploitants », a-t-il déploré sur How We Made It In Africa. Ce problème que pose l’innovation autour d’un produit relativement inconnu sur le marché est un défi rencontré par les nouvelles entreprises, la clientèle étant difficile à convaincre.
Si les débuts ont été difficiles, la start-up a réussi au fil des années à faire adopter son modèle économique auprès d’une clientèle diverse dont les multinationales alimentaires, les constructeurs automobiles, les agriculteurs, ainsi que les acteurs de l’industrie cosmétique. Après avoir démarré dans un seul des 47 comtés du Kenya, EcoFix collecte aujourd’hui des noix de croton dans 21 comtés.
Le volume des noix a été multiplié par cinq par rapport aux 600 tonnes initiales par an. L’équipe s’est également considérablement élargie par rapport au groupe de gestion initial de trois personnes. À présent, Cosmas Ochieng se concentre sur la construction d’une autre usine de traitement.
À l’avenir il espère développer la ligne de produits cosmétiques et pénétrer des marchés lucratifs comme les États-Unis et le Royaume-Uni.
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