Afrique Les dettes des pays africains continuent de peser sur leurs économies. Comment peuvent ils mobiliser plus de recettes intérieures
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Denys Bédarride
21 janvier 2022 Dernière mise à jour le Vendredi 21 Janvier 2022 à 11:16

Les efforts fructueux pour augmenter les recettes fiscales et stimuler la mobilisation des recettes intérieures dans les économies africaines au cours de la dernière décennie ont été contrebalancés par la hausse des coûts du service de la dette, qui ont représenté près des deux tiers de l'augmentation des recettes fiscales générées entre 2010 et 2019, selon un nouveau rapport.


Les statistiques des recettes publiques en Afrique 2021 montrent que le ratio moyen impôts/PIB en Afrique était de 16,6% en 2019, soit une augmentation de 0,3 point de pourcentage par rapport à 2018. Le rapport, lancé cette semaine au Comité technique spécialisé de l’Union africaine sur les Finances, affaires monétaires, planification économique et intégration, couvre 30 pays africains, représentant 75 % du PIB de l’Afrique.

Les ratios impôts/PIB dans la région allaient de 6,0 % au Nigéria à 34,3 % aux Seychelles et en Tunisie, et ont augmenté dans 16 pays entre 2018 et 2019, tout en diminuant dans 14. L’augmentation du ratio moyen impôts/PIB en Afrique (30) entre 2018 et 2019 a été tiré par des augmentations de plus de 2,5 pp dans trois pays (Guinée équatoriale, Mali et Tunisie) qui étaient en partie attribuables aux réformes de la politique fiscale et de l’administration. Malgré cette augmentation, le ratio moyen impôts/PIB pour l’Afrique en 2019 est resté inférieur à ceux de l’Asie-Pacifique, de l’Amérique latine et des Caraïbes (ALC) et de l’OCDE à 21,0 %, 22,9 % et 33,8 %, respectivement.

Entre 2010 et 2019, le ratio moyen impôts/PIB de l’Afrique (30) a augmenté de 1,8 point de pourcentage, ce qui est équivalent aux augmentations des moyennes ALC et OCDE au cours de la même période (1,9 et 2,0 points de pourcentage, respectivement). Cependant, les recettes non fiscales moyennes de ces 30 pays africains ont diminué, passant de 8,1 % du PIB en 2010 à 6,3 % en 2019 en raison de la baisse des recettes provenant des dons, des loyers et des redevances. En conséquence, les recettes publiques totales des 30 pays inclus dans le rapport ont diminué au cours de la décennie précédant la pandémie de COVID-19.

Le rapport comprend un chapitre spécial sur les niveaux de la dette extérieure en Afrique, qui révèle que les coûts de la dette extérieure ont augmenté de 1,1% du PIB en moyenne entre 2010 et 2019, soit l’équivalent de près des deux tiers de l’augmentation du ratio moyen impôts/PIB sur cette même période.

L’augmentation des coûts du service de la dette, qui est attribuable aux changements du niveau et dans la composition de la dette extérieure, sera exacerbée par l’impact négatif de la pandémie de COVID-19 sur les finances publiques et les niveaux d’endettement dans la région.

Alors que relever les défis de la crise du COVID-19 continue d’être la priorité, à l’avenir, de nouvelles réformes fiscales seront nécessaires dans les pays africains pour financer les objectifs de développement et assurer la viabilité de la dette. Bien que certains pays africains aient diversifié leurs assiettes fiscales ces dernières années vers la taxe sur la valeur ajoutée et l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP), le continent reste plus tributaire que d’autres régions des taxes commerciales et de l’impôt sur les sociétés, qui sont parmi les impôts les plus touchés par un ralentissement économique. L’IRPP et les cotisations de sécurité sociale représentaient 24,8 % des recettes fiscales totales pour l’Afrique (30) en moyenne en 2019, contre 49,2 % en moyenne dans l’OCDE (chiffre 2018).

En plus de la crise du COVID-19, le monde cherche également à répondre à la crise climatique. En Afrique, il existe d’importantes possibilités de renforcer les taxes liées à l’environnement, qui ne représentaient en moyenne que 1,1% du PIB en 2019. Bien qu’au même niveau que les moyennes des régions ALC et Asie-Pacifique, les recettes provenant des taxes liées à l’environnement restent inférieures à la moyenne de l’OCDE (2,2 % du PIB). Il est également possible de recourir davantage aux impôts fonciers, qui ne représentaient en moyenne que 1,9 % des recettes fiscales totales en Afrique, soit environ un tiers du niveau des pays de l’OCDE.

Les statistiques des recettes publiques en Afrique est une initiative conjointe du Forum de l’administration fiscale africaine, de la Commission de l’Union africaine, de l’Organisation de coopération et de développement économiques et de son Centre de développement, avec l’appui technique de la Banque africaine de développement et du Cercle de Réflexion et d’Échange des Dirigeants des Administrations Fiscales. L’édition 2021 a reçu le soutien financier de l’Union européenne et fait partie de la deuxième phase du Programme statistique panafricain, une initiative conjointe entre l’Union européenne et l’Union africaine.

Source OCDE 

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