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Agence Ecofin
22 février 2022 Dernière mise à jour le Mardi 22 Février 2022 à 12:27

Le sous-sol du Botswana regorge d’importantes richesses en minerais. Cependant, le pays d’Afrique australe est surtout connu pour son secteur diamantifère très prolifique. Premier producteur africain et deuxième sur le plan mondial, tout juste derrière la Russie, la domination qu’exerce ce pays dans la production de diamants n’est plus à présenter. Néanmoins, depuis peu, un métal est en train de se faire une place dans le paysage minier botswanais, le cuivre.

Plusieurs compagnies étrangères se mobilisent dans le pays et sa capacité de production devrait atteindre 100 000 tonnes d’ici 2023 selon les prévisions actuelles. Est-on en train d’assister aux prémices d’une industrie cuprifère prospère qui pourrait aider l’Etat dans sa volonté de diversifier l’économie ? 

Au Botswana, l’économie repose principalement sur les diamants. Depuis quelques années déjà, le secteur représente 20 % du PIB, 80 % des exportations, 38 % des recettes budgétaires et 23 % dans les recettes douanières. D’après les statistiques officielles publiées fin janvier, les exportations de diamants sont passées de 2,12 milliards $ en 2020 à 3,46 milliards $ en 2021. Il s’agit d’une hausse en glissement annuel de 64 % portée par l’augmentation de 35 % de la production de Debswana, la coentreprise entre l’Etat et le groupe De Beers. 

Cette bonne performance ne devrait cependant pas faire oublier au gouvernement ses résolutions pour accélérer les efforts visant à diversifier l’économie après les difficultés du secteur des diamants en 2020. Cette année-là, la pandémie a secoué l’industrie diamantifère mondiale, entrainant des rabais sur les prix des pierres proposées à la vente, l’annulation des sessions traditionnelles de vente et une chute drastique des importations des principaux consommateurs. Cela a beaucoup affecté le Botswana qui a enregistré une des plus fortes récessions économiques d’Afrique subsaharienne, estimée à -8,3 % par le FMI.

Signes d’une nouvelle ère

Si les richesses botswanaises de diamants et l’histoire du pays avec cette pierre précieuse ont pu faire penser que Gaborone n’avait rien d’autres comme ressources minérales, il n’en est rien. Le sous-sol héberge également du nickel, du cuivre, de l’argent, de l’or ou même des métaux du groupe du platine. Ayant longtemps représenté une part marginale des exportations du Botswana, le métal rouge, en particulier, est en bonne voie pour se faire une place plus imposante. Depuis l’année dernière, le cuivre suscite davantage l’intérêt des compagnies minières.

Les campagnes pour découvrir de nouveaux gisements de cuivre s’intensifient depuis quelques années et la Kalahari Copperbelt, jusqu’ici très peu développée, est au centre des attentions. On peut citer en exemple la société d’exploration Kavango Resources qui y concentre actuellement ses recherches sur plusieurs zones. Elle dispose de permis d’une durée de validité initiale de 3 ans, extensible à 7 ans maximum, et couvrant une superficie de 1294,2 km². De son côté, Metal Tiger détient sept permis d’exploration hautement prospectifs couvrant 4063 km². 

Dans le même temps, d’autres sont à un stade plus avancé. C’est le cas de Cupric Canyon Capital qui a fait entrer en production sa mine Khoemacau en 2021. L’usine de traitement a livré le premier concentré de cuivre et d’argent le 30 juin 2021 et devrait, selon les estimations, produire chaque année (sur une durée de vie de 20 ans) 60 à 65 000 tonnes de cuivre (et 1,8 à 2 millions d’onces d’argent). Actuellement seule mine de cuivre opérationnelle au Botswana (les opérations sur les deux autres mines en exploitation dans le pays ont été suspendues), Khoemacau devrait être rejoint en 2023 par la mine Motheo, gérée par l’australien Sandfire Resources. Ce dernier s’attend à produire annuellement une moyenne d’environ 30 000 tonnes de concentré de cuivre (et 1,2 million d’onces d’argent) sur une durée de vie initiale de 12,5 ans. Ajouté aux 65 000 tonnes prévues à Khoemacau, ce volume portera la production nationale à près de 100 000 tonnes. 

Le cuivre, le nouveau pari gagnant ? 

En 2021, le cuivre s’est négocié à une moyenne de 9317 dollars/tonne selon les données de la Banque mondiale. Si l’on se base sur ce chiffre pour estimer la valeur des 100 000 tonnes de production prévue d’ici 2023 au Botswana, cela représenterait un total de plus de 885 millions de dollars, juste pour ces deux mines. 

Si le métal rouge a atteint un record de 10 747,50 dollars la tonne en mai dernier, son prix a depuis fluctué entre 9000 dollars et 10 000 dollars la tonne en raison du ralentissement de l’économie chinoise, le plus grand consommateur du métal. Le jeudi 17 février 2022, le cuivre se négociait à 9 927 dollars/tonne. Pour l’analyste Daniel Briesemann de Commerzbank, cité par Reuters, ce niveau de prix est encore trop élevé et va probablement baisser dans les semaines ou les mois à venir en raison de l’augmentation de l’offre de cuivre.

Toutefois, plusieurs analystes s’accordent sur le fait que le cuivre pourrait atteindre 13 000 dollars la tonne dans « un avenir proche » et se rapprocher même des 20 000 dollars d’ici 2025. 

Ces perspectives seront portées par une demande plus grande alors que le cuivre est essentiel à la transition énergétique. Des prévisions qui devraient conforter le gouvernement botswanais dans la poursuite de ses efforts pour attirer davantage de compagnies afin de développer une véritable industrie de cuivre.

Diversifier une économie dépendante du diamant

 « On ne change pas une recette qui gagne », dit l’adage. Mais la relation exclusive que le Botswana a avec ses diamants a déjà sérieusement perturbé son économie quand la pandémie de Covid-19 battait son plein.

Si le secteur des diamants s’est depuis remis de la crise et l’économie botswanaise aussi (croissance économique de 9,7 % prévue pour 2021 et 4,3 % en 2022), les premiers succès que rencontre le gouvernement concernant le cuivre doivent l’inciter à continuer dans cette voie de diversification. D’abord en s’intéressant à d’autres minéraux comme le charbon, le nickel, l’or, mais aussi aux autres secteurs comme celui des services.

L’Etat doit également continuer d’œuvrer pour augmenter les recettes tirées du secteur du tourisme. Le pays abrite en effet la plus importante population d’éléphants du continent africain (135 000 environ). Par ailleurs, le gouvernement doit continuer avec les réformes entreprises depuis quelques années, notamment celle des sociétés publiques, la mise à niveau des infrastructures (énergétiques, de transport, logistiques ou télécoms) et des services connexes. 

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