Le Rwanda, malgré une gouvernance socioéconomique respectée par plusieurs au sein des opinions publiques, serait en train d’acquérir un statut de mauvais créancier selon Fitch Ratings. Une situation qui n’est pourtant pas du seul fait du pays.
L’agence de notation Fitch Ratings a de nouveau estimé que la dette du Rwanda est très risquée et que les perspectives sur le long terme ne sont pas positives. Elle lui a attribué le 6 mai 2022 la note B+, qui représente la tranche supérieure du caractère spéculatif d’un émetteur et d’un titre, selon ses critères d’évaluation.
La note B+ reflète le faible niveau du PIB par habitant rwandais, et la persistance des déficits jumeaux du budget et de la balance courante, qui ont conduit à un endettement public et extérieur élevés et en augmentation. Comme dans de nombreux pays d’Afrique au sud du Sahara, le contexte international marqué par la crise en Ukraine qui se superpose aux conséquences de la Covid-19, a conduit à une inflation mondiale sur les produits alimentaires et énergétiques. Or, ces deux éléments sont des éléments de poids dans l’indice des prix à la consommation.
Pour la première fois depuis 2012, la Banque centrale du Rwanda a décidé d’augmenter ses taux directeurs, rendant plus difficile l’accès au capital. Cette option est prise pour limiter l’inflation, mais cela risque aussi de restreindre l’accès à l’argent pour des millions de personnes et de peser sur la consommation et les secteurs productifs.
Fitch Ratings reconnait pourtant que le Rwanda a fourni des efforts en termes de gouvernance économique. Il a réduit son déficit budgétaire à seulement 7,1% de son PIB. Mais cela reste supérieur à la valeur médiane de 4,7% pour les pays qui ont la note B. Aussi, le fait que l’inflation ait une origine extérieure limite la capacité des autorités rwandaises à endiguer la hausse des prix à court terme.
Le cas du Rwanda est quelque peu représentatif de celui de plusieurs autres pays africains, où les agences de notation font plus une analyse des indicateurs que des fondamentaux de l’économie. Les risques sur la production alimentaire mondiale sont réels, car les deux pourvoyeurs majeurs d’engrais sont dans un conflit dont on ne voit pas une issue. À cela s’ajoute l’action spéculative des marchés, qui proposent des sommes importantes pour sécuriser les stocks. Or, sur ce terrain, peu de pays africains ont la capacité de mener la compétition.
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