En réponse à la dégradation de l’offre de formation des établissements publics de l’enseignement supérieur, les étudiants du Nigeria ont choisi de se diriger vers les écoles étrangères. Ils ont en 3 mois dépensé près de 221 millions $, un montant jugé excessif par les experts.
Selon les données obtenues auprès de la Banque centrale du Nigeria (CBN), entre décembre 2021 et février 2022, les étudiants nigérians ont dépensé 220,86 millions de dollars pour des études à l’étranger, soit 90,67 millions en décembre 2021, 60,20 millions en janvier et 69,9 millions en février 2022.
Ce montant est justifié par le fait que les étudiants nigérians sont de plus en plus mobiles. Malgré les restrictions dues à la covid-19, on estime qu’environ 100 000 étudiants nigérians étaient inscrits à l’étranger en 2020, faisant du pays d’Afrique de l’Ouest le leader africain et le 5e mondial en matière de mobilité estudiantine. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis et la Malaisie sont respectivement les destinations les plus prisées.
Cette situation n’est pas sans conséquence. Se confiant au site d’information britannique University world News, le professeur Ayodeji Olukoju, pro-chancelier de l’Université Chrisland à Abeokuta, dans le sud-ouest du Nigeria, a déploré ce phénomène qu’il qualifie de « tourisme éducatif » en mentionnant ses conséquences sur l’économie locale.
« Le tourisme éducatif entraîne une fuite des capitaux à un moment où nous ne pouvons pas nous le permettre, et nous n’obtenons pas d’afflux réciproque de capitaux. Le Nigeria est en train d’être sérieusement touché, et ce flux n’est pas durable. Cela fait de nous un appendice économique et culturel des destinataires étrangers de nos exportations de capitaux ».
Pour cet universitaire comme pour plusieurs autres, la dégradation de l’offre publique universitaire est à l’origine de cette situation. Une dégradation entretenue par le faible financement du secteur de l’éducation. Pourtant, au Sommet mondial sur l’éducation qui s’est tenu en 2021 à Londres, au Royaume-Uni, le président du Nigeria, Muhammadu Buhari, a fait la promesse d’augmenter les dépenses nationales annuelles d’éducation de 50% en 2022. Une promesse qui ne sera pas tenue car, la loi des Finances 2022 n’en a pas tenu compte.
En outre, pour expliquer la mobilité des étudiants nigérians, il faut mentionner les grèves répétitives qui troublent le calendrier académique. Ce qui ne permet pas à ceux-ci d’avoir une bonne formation. Actuellement dans le pays, deux grèves d’enseignants du supérieur sont en cours.
La première menée par le Syndicat du personnel académique des universités dure depuis près de trois mois. Le second lancé pour deux semaines est conduit par le Syndicat du personnel académique des écoles polytechniques.
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