rail
#Commerce #Construction #Trains #Transport #TransportFerroviaire #Afrique #Botswana #Zambie
Agence Ecofin
Aujourd'hui Dernière mise à jour le Vendredi 15 Août 2025 à 05:32

Evoqué depuis plusieurs années, le plan d’interconnexion ferroviaire Botswana - Zambie amorce une phase importante. Le développement de ce tronçon s’inscrit dans une compétition géo-économique plus large entre corridors régionaux.

L’Afrique australe peut accélérer son intégration régionale avec le projet ferroviaire Mosetse – Kazungula – Livingstone destiné à relier la Zambie au Botswana. Ce dernier arrive à une phase importante avec la signature d’un protocole d’accord avec l’entreprise turque Eksen Group, pour fournir un cadre de collaboration visant à en faciliter la planification, la préparation et la mise en œuvre.

Prévue sur 430 km, la future ligne ambitionne de positionner les deux pays comme alternatives fiables aux routes commerciales dominées par l’Afrique du Sud.

Un repositionnement stratégique

Inauguré en 2021, le pont de Kazungula, long de 923 mètres, enjambe le Zambèze à la frontière entre le Botswana et la Zambie. Il constitue déjà un point de passage essentiel pour le transport routier dans la région. Mais son potentiel logistique demeure sous-exploité, en l’absence d’un réseau ferroviaire connecté de part et d’autre.

Le nouveau corridor qui sera co-financé par les deux États, devrait compléter ceux existants et en projet dans la région, comme celui entre l’Afrique du Sud et le Mozambique avec des extensions vers le Zimbabwe, ou celui de Beira qui interconnectera le Malawi, la Zambie et le Zimbabwe aux ports mozambicains. Il y a aussi le réseau Trans-Kalahari devant raccorder la Namibie au Botswana.

À terme, ces différents tronçons ferrés s’imbriqueront dans les lignes en cours de développement en Afrique de l’Est, tels que le corridor de Lobito, les projets SGR de la Tanzanie avec ses voisins (Burundi, Rwanda, République démocratique du Congo, Zambie), ou ceux en cours entre l’Ouganda et le Kenya.

Vers une diversification des corridors logistiques

Aujourd’hui, une grande partie des importations et exportations des pays enclavés de la SADC (Zambie, Botswana, Zimbabwe) transite encore par les ports sud-africains, notamment Durban. Mais la congestion, la hausse des coûts logistiques et les récentes perturbations liées à des crises internes (grèves) incitent ces pays à chercher des alternatives plus stables.

Kazungula pourrait ainsi devenir un chaînon stratégique dans la redirection des flux vers l’Est (Beira au Mozambique, Dar es Salaam en Tanzanie) ou vers l’Ouest (Walvis Bay en Namibie), en offrant une liaison interconnectée, multimodale et transfrontalière. Pour les autorités botswanaises, le rail devrait aider à réduire les coûts du transport de marchandises, attirer des investissements et dynamiser des zones économiques spéciales.

La Zambie cherche de son côté à sécuriser ses voies d’exportation minière (cuivre, cobalt) et à réduire sa vulnérabilité aux aléas du transport routier. La connexion par Kazungula renforcera à ce titre les options vers les marchés asiatiques via l’océan Indien, tout en fluidifiant les échanges intrarégionaux.

Des défis à relever pour concrétiser la vision

Plusieurs défis subsistent néanmoins, notamment le financement du projet estimé à 1,5 milliard USD, la viabilité économique qui selon les experts implique un volume de fret 7,5 millions de tonnes par an pour atteindre le seuil de rentabilité, alors que le trafic routier via le pont est actuellement à 3,1 millions de tonnes.

À cela s’ajoutent les contraintes d’harmonisation réglementaire et de coordination interétatique. Le protocole d’accord signé avec le groupe turc Eksen Group marque une étape, mais ne garantit encore ni la réalisation concrète ni la viabilité du projet.

Réagissez à cet article

Vos commentaires

Rejoignez la discussion

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *