La crise économique engendrée par la pandémie de coronavirus n’a entraîné qu’une légère contraction du PIB de 0,3 % dans les sept pays est-africains, contre 2,6 % à l’échelle continentale. Les poids des dettes de ceux-ci, en particulier vis-à-vis de la Chine, n’en sont pas moins préoccupants.
Fait rare par rapport à la majorité des pays africains ou occidentaux, trois des économies les plus dynamiques de la sous-région ont connu une croissance positive en 2020, malgré l’épidémie planétaire de Sars-Cov-2. Les produits intérieurs brut (PIB) de l’Éthiopie, de l’Ouganda et de la Tanzanie ont ainsi enregistré des progressions respectivement de 6,1 %, 2,9 % et 2,5 %.
Pour l’ensemble des États de la zone, le taux de rebond en 2021 est estimé à 2,7 %. Cette perspective optimiste pourrait toutefois « pâtir des éventuelles mesures prises face à la nouvelle phase de croissance de la pandémie », nuance Jérôme Baconin, chef du service économique régional à la Direction générale du Trésor française au Kenya.
Endettement, le casse-tête chinois
La soutenabilité des engagements financiers externes s’est également dégradée. Quatre des sept ont ainsi demandé à bénéficier de l’initiative du G20 portant sur un moratoire de leurs obligations, et Addis-Abeba a même réclamé la restructuration de ses créances. Les capacités de remboursement de la Tanzanie et de l’Ouganda sont jugées « faibles » par le FMI, qui évalue par ailleurs celles du Rwanda à « modérées ».
L’endettement bilatéral auprès de la Chine est particulièrement critique, puisqu’il s’élève à 81 % à Djibouti, à 75 % en Éthiopie, à 74 % au Kenya et à 74 % aussi en Ouganda. Près d’un quart des prêts de l’Empire du milieu en Afrique se concentrent sur cette partie orientale, alors que cette dernière ne produit annuellement que 14,7 % des richesses continentales.
Pékin, qui possède une base militaire à Djibouti, a construit plusieurs infrastructures stratégiques, comme des ports, le nouveau siège de l’Union africaine, ou encore le Palais du peuple djiboutien. Dans le même temps, la diplomatie chinoise en profite pour déployer les outils de son soft power, de ses médias étatiques à pas moins de 11 Instituts Confucius (autant que les Alliances françaises).
La France en quête de diversification
La tendance est proportionnellement inverse pour la France, avec qui les échanges bilatéraux ont chuté de 21,6 % entre 2017 et 2020. Même si les investissements directs à l’étranger (IDE) hexagonaux ont été multipliés par quatre en dix ans, s’établissant autour de 1 milliard d’euros, les exportations sont très faibles par rapport à ce qu’elles représentent en Afrique de l’Ouest francophone… la Côte d’Ivoire, partenaire historique, en totalisant à elle seule pour plus d’un milliard d’euros !
Le solde commercial a beau être positif, c’est sur le volume de la balance « qu’il faut insister, car c’est là que l’on dispose d’une grande marge de progression, notamment en ce qui concerne nos PME et nos ETI. […] La présence française n’est pas suffisante à mon goût », conclut Ludovic Prevost, directeur Afrique de l’Est chez Business France.
« Ce qu’il faut retenir de chacun des pays », selon la Direction générale du Trésor :
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