Selon les dernières estimations, la production en Afrique subsaharienne a augmenté de 3,5 % en 2021, à la faveur du rebond des cours des produits de base et de l’assouplissement des restrictions sociales. La reprise demeure cependant fragile et insuffisante pour enrayer l’augmentation de la pauvreté due à la pandémie, alors que les nouvelles vagues de COVID-19 font peser une menace persistante.
Le variant Omicron alimente aujourd’hui la multiplication des cas dans toute la région. Plus de 70 % des pays d’Afrique subsaharienne ont fait état d’une hausse d’au moins 50 % du nombre de cas de COVID au cours des deux dernières semaines de 2021.
Les services, le tourisme et le secteur manufacturier ont été particulièrement touchés par la pandémie, avec des pertes prolongées de revenus et d’emplois, tandis que l’inflation a freiné la reprise des dépenses de consommation. La montée de l’agitation sociale, de l’insécurité et des conflits internes, notamment dans la région du Sahel (Burkina Faso, Nord-Est du Nigéria, Niger, Mali, Mauritanie et Tchad) et en Éthiopie, a entravé les dépenses d’investissement. L’augmentation de la dette publique et la perte de recettes budgétaires ont encore réduit la marge de manœuvre pour soutenir la reprise dans les pays de la région.
Selon les estimations, la croissance dans les trois plus grandes économies de la région (Afrique du Sud, Angola et Nigéria) a été revue à la hausse par rapport aux prévisions antérieures, pour s’établir à 3,1 % en 2021.
En Angola et au Nigéria, la croissance a été tirée par la reprise dans les secteurs non pétroliers. La production pétrolière est restée inférieure aux niveaux pré-COVID en raison d’interruptions dans les travaux d’entretien et du recul des investissements dans les industries extractives.
En Afrique du Sud, le redémarrage vigoureux de l’économie au début de l’année a été perturbé par de graves flambées de COVID-19, des troubles sociaux et des pannes d’électricité. Ailleurs dans la région, la croissance des pays exportateurs de produits de base non pétroliers a bénéficié de la hausse des prix des métaux et des denrées alimentaires, tandis que les perturbations dans l’industrie des voyages internationaux et du tourisme ont continué de peser sur la reprise dans les pays tributaires du secteur touristique (Namibie, Seychelles).
Pour quelles perspectives ?
La croissance en Afrique subsaharienne devrait reprendre légèrement pendant la période de prévision, pour s’établir à 3,6 % en 2022 et 3,8 % en 2023. Ces chiffres représentent toutefois près d’un point de pourcentage de moins que la moyenne sur la période 2000-19, conséquence des effets persistants de la pandémie et de la réduction des mesures d’aide, à quoi s’ajoutent l’incertitude en matière de politique publique et l’aggravation de l’insécurité dans certains pays.
Le niveau élevé des prix des produits de base devrait favoriser la reprise à court terme dans la région, le Nigéria et l’Angola profitant de l’augmentation des cours pétroliers et de l’assouplissement graduel des baisses de production dans les pays de l’OPEP+. La croissance devrait atteindre 2,5 % en 2022 et 2,8 % en 2023 au Nigéria, tandis qu’elle s’accélérera à 3 % en moyenne en 2022-23 en Angola. En Afrique du Sud, la croissance devrait retomber aux niveaux d’avant la pandémie, freinée par des obstacles structurels et le lourd endettement du pays.
Les prix élevés du coton et des denrées alimentaires comme le café bénéficieront aux exportateurs de produits agricoles (Éthiopie, Kenya et Tanzanie). Dans certains pays, cependant, l’expansion des activités agricoles sera limitée par des incertitudes diverses, notamment des périodes de sécheresse et des précipitations inférieures à la moyenne, ainsi que l’intensification des conflits.
La pandémie a entravé les progrès accomplis dans la lutte contre la pauvreté et dans la réalisation des principaux objectifs de développement dans l’ensemble de la région, effaçant plus d’une décennie de gains enregistrés dans le revenu par habitant pour certains pays. Dans plus d’un tiers des pays de la région, dont l’Afrique du Sud, l’Angola et le Nigéria, le revenu par habitant en 2022 restera inférieur au niveau d’il y a dix ans.
Pour quels risques ?
Les risques pesant sur ces prévisions sont plutôt orientés à la baisse.
La pauvreté, l’insécurité alimentaire, la hausse des prix des produits alimentaires et les tensions géopolitiques pourraient peser sur la demande des consommateurs et freiner la croissance. Un net ralentissement de la croissance économique mondiale pourrait entraîner d’importantes corrections à la baisse des prix des produits de base au détriment des pays producteurs de pétrole et de métaux. Les pays confrontés à des problèmes de surendettement pourraient avoir plus difficilement accès aux financements extérieurs, ce qui nécessiterait un ajustement budgétaire brutal.
Les faibles taux de vaccination contre la COVID-19 exposent les pays de la région à une résurgence et une aggravation des vagues épidémiques, ce qui pourrait ébranler à nouveau l’activité économique. La prolongation de la pandémie risque d’exacerber les problèmes de développement et de santé existants, d’enrayer les réformes structurelles et budgétaires, et d’entraîner des pertes de capital humain durables.
Source La Banque mondiale janvier 2022
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