Le projet de base navale russe au Soudan remonte à 2017. Il a été mis en veilleuse après la chute d’Omar El-Béchir, avant de revenir au-devant de la scène depuis le coup d’Etat mené par le général Abdel Fattah al-Burhane.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé, jeudi 9 février, que le projet d’installation d’une base navale russe au Soudan est toujours programmé, indiquant que Moscou n’attend que le feu vert du Parlement soudanais pour lancer les travaux.
« La Russie attend l’approbation par le Parlement soudanais pour lancer son projet de base navale sur la mer Rouge », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, tenue au terme de sa visite au Soudan, dans le cadre d’une nouvelle tournée africaine qui l’a également mené en Mauritanie et au Mali.
« L’accord relatif à cette base qui a été déjà signé [entre Khartoum et Moscou, NDLR] doit être ratifié par le Parlement soudanais », a-t-il ajouté.
Le projet de base navale russe au Soudan remonte à 2017. Le président russe Vladimir Poutine et son homologue soudanais Omar El-Béchir avaient alors signé un accord stipulant que Moscou obtiendrait un bail de 25 ans pour construire une base navale à Port-Soudan, le principal port du pays. Cette base devait permettre d’accueillir 300 hommes et jusqu’à quatre navires de guerre.
Mais le projet a été mis en veilleuse après la chute d’Omar El-Béchir en 2019. D’autant plus que Khartoum s’est rapproché, pendant cette période de transition démocratique, des chancelleries occidentales et bénéficié d’un important soutien économique de la part des États-Unis.
Le retour des militaires au pouvoir, à la faveur du coup d’État mené par le général Abdel Fattah Al-Burhane en octobre 2021, a cependant favorisé un nouveau rapprochement entre Moscou et Khartoum. En juillet 2022, l’installation d’une base militaire au Soudan a été incluse dans la nouvelle doctrine navale russe.
Le général Al-Burhane a déclaré en marge de la 77e session de l’Assemblée générale de l’ONU, tenue en septembre 2022, que ce projet de base navale russe sur la côte de la mer Rouge était toujours en discussion.
Durant sa visite de 48 heures au Soudan, Sergueï Lavrov a rencontré le général Abdel Fattah Al-Burhane, le chef de la junte au pouvoir, son adjoint le général Mohamed Hamdan Daglo et le ministre des Affaires étrangères par intérim Ali al-Sadiq.
A l’issue de ces rencontres, le chef de la diplomatie russe s’est prononcé en faveur d’une levée des sanctions de l’ONU qui frappent le Soudan depuis 2005.
Khartoum est encore sous le coup d’une série de sanctions et d’un embargo sur les armes, adoptés pendant le conflit sanglant du Darfour, dans l’ouest du pays.
Sergueï Lavrov a également indiqué avoir discuté avec les dirigeants soudanais de « la coopération économique bilatérale et des investissements ».
Il a par ailleurs défendu les opérations menées par groupe paramilitaire Wagner en Afrique.
« Wagner est déployé sur la demande directe des gouvernements pour contribuer à normaliser la situation dans la région face à la menace terroriste », a-t-il affirmé.
La visite du ministre russe des Affaires étrangères à Khartoum intervient quelques jours après celles effectuées par des émissaires des États-Unis, de la Norvège, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France dans ce pays pour soutenir l’accord-cadre signé en décembre dernier entre civils et militaires soudanais.
Cet accord devrait déboucher sur la mise en place d’un gouvernement civil dans les prochaines semaines et permettrait une reprise de l’aide internationale.
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