Des prévisions qui risquent de se heurter aux difficultés à se départir de la dynamique du blé sur laquelle sont axés les marchés locaux et sous-régionaux. Sans compter les défis de production non encore réglés sur des segments phares comme le maïs, le sorgho et le manioc.
Seulement 10 jours après sa mise en place, la plateforme des producteurs de farines locales du Cameroun ambitionne déjà une production d’environ 5 millions de tonnes à l’horizon 2030, selon Cameroon Tribune, le quotidien à capitaux publics.
Un tel exploit devrait permettre au pays de se départir des importations massives de blé, dont la farine est la plus utilisée et dont les coûts pâtissent actuellement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, premiers fournisseurs mondiaux. Pour la seule année 2020, révèle une étude du Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN), le Cameroun a importé 830 000 tonnes de blé, pour un montant de 150 milliards FCFA.
Les ambitions de la nouvelle plateforme donnent toutefois matière à s’interroger selon Investir au Cameroun. En effet, le Cameroun affiche des déficits de production plus ou moins importants sur la majorité des spéculations utilisées par ces producteurs. Ces déficits s’observent notamment pour le maïs, le sorgho, la patate douce, le manioc ou encore la banane plantain.
De plus, atteindre un tel niveau de production de farines locales en moins de 10 ans implique des investissements colossaux dans la transformation des féculents, au moment où les minoteries existantes dans le pays sont accusées de freiner l’application du quota de farines locales dans la fabrication du pain, qui est le produit à base de farine le plus consommé dans le pays.
En effet, la perspective de substituer la farine de blé par celle des produits agricoles locaux inquiète le Groupement des industries meunières du Cameroun (GIMC), dont les équipements ont été conçus pour écraser du blé et non une autre céréale. « Si nous devons faire la farine à base de manioc, igname, patate ou autres, ces industries devront être révisées pour être adaptées à la nouvelle donne », indiquait le secrétaire général du GIMC, Alfred Momo Ebongue, dans le Cameroon Tribune du 17 février 2022.
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