Alors que les risques d’une crise alimentaire pèsent sur l’Afrique en raison du conflit russo-ukrainien, le président de l’UA, Macky Sall, accompagné de Moussa Faki Mahamat, président de la commission de l’UA va tenter de négocier une désescalade avec le président Vladimir Poutine.
Le président sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine (UA), s’est envolé ce jeudi 2 juin pour la Russie. A Sotchi, il rencontre le président Vladimir Poutine avec qui il s’entretiendra sur la situation de la guerre en Ukraine ce 3 juin.
Cette visite annoncée depuis plusieurs jours s’inscrit dans une volonté de l’UA de réduire les impacts de ce conflit sur le continent africain, et de trouver un terrain d’entente entre les deux pays. D’après l’institution panafricaine, il s’agira d’accélérer les « efforts que mène la présidence en exercice de l’Union pour contribuer à l’accalmie dans la guerre en Ukraine, et à la libération des stocks de céréales et de fertilisants, dont le blocage affecte particulièrement les pays africains ».
Depuis plusieurs mois, l’Afrique est en effet citée comme l’une des régions qui pourrait le plus souffrir de la crise alimentaire qui menace de frapper le monde si l’escalade entre la Russie et l’Ukraine se poursuit. Déjà, le continent fait face à une hausse généralisée des prix des produits alimentaires qui pousse même plusieurs organisations internationales telles que le FMI à craindre l’apparition de « troubles sociaux » sur le continent, bien qu’il soit encore trop tôt pour arriver à de telles conclusions.
Lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne (UE) tenu à Bruxelles le mardi 31 mai, Macky Sall avait appelé l’UE à « tout faire pour libérer les stocks de céréales » bloqués en Ukraine par le conflit, « afin d’éviter le scénario catastrophique de pénuries et de hausses généralisées des prix ».
La Russie et l’Ukraine représentent ensemble plus de 30% des exportations mondiales de blé, et de nombreux pays africains dépendent exclusivement d’eux pour leur approvisionnement.
Face à Poutine, M. Sall pourrait tenter de négocier la levée du blocus du port d’Odessa, qui empêche les céréales ukrainiennes d’être exportées. Bien qu’il n’existe aucune garantie qu’une telle demande pourrait aboutir, il faut souligner que le président sénégalais arrive au pays des Tsars, dans une posture bien plus favorable au dialogue que les précédents interlocuteurs, français et allemands.
En mars dernier, Dakar s’était abstenu, comme la moitié des pays africains, lors d’un vote de l’Assemblée générale de l’ONU en faveur d’une résolution intitulée « Agression contre l’Ukraine » qui exigeait « que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine », bien qu’il ait ensuite voté en faveur d’une résolution non contraignante qui « exige » de la Russie un arrêt « immédiat » de la guerre.
« Nous ne voulons pas être alignés sur ce conflit, très clairement, nous voulons la paix », avait déclaré Macky Sall, le dimanche 22 mai. Et d’ajouter : « même si nous condamnons l’invasion, nous travaillons pour une désescalade, nous travaillons pour un cessez-le-feu, pour le dialogue, c’est la position africaine ».
Notons qu’une visite du chef d’Etat sénégalais est également prévu en Ukraine, où il devrait rencontrer le président Vlodymyr Zelensky.
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